Croyez-vous aux fantômes?
L'histoire est très simple. Un soir de réveillon, autour d’une belle flambée, Arthur Kipps, jeune notaire londonien, fortement sollicité par sa femme et ses enfants, décide d’écrire sa propre histoire de fantômes. «Alors seulement, peut-être en serais-je libéré pour le restant de mes jours.»
Une vingtaine d’années plus tôt, il avait été envoyé dans le nord de l’Angleterre pour s’occuper de la succession et assister aux obsèques d’une dame de 87 ans, vivant seule dans une grande maison isolée d’une bourgade sauvage entourée de marais et battue par les vents du large, régulièrement plongée dans la brume. L’accueil des habitants est glacial.
Durant les funérailles, il aperçoit une dame en noir : «La grisaille du jour déclinant lui conférait une pâleur singulière, comme lustrée, qui évoquait moins la couleur de la chair que celle de l'os. ... Je me rendis compte que son visage reflétait un sentiment que je peux seulement essayer de décrire - et les mots me semblent incapables de traduire ce que je voyais - comme une avidité malveillante, désespérée; elle semblait avoir perdu quelque chose d'essentiel qu'elle voulait retrouver, dont elle avait besoin, qu'il lui fallait absolument avoir - à quoi elle tenait plus qu'à la vie, et que quelqu'un lui avait pris. ... L'association de ce lieu aussi étrange qu'isolé et de la brusque apparition de cette femme à l'expression effrayante m'emplissait d'une peur insensée."Obligé de s'installer dans ce grand manoir devenu vide et isolé de tout, le pire peut lui arriver à tout moment. Ce que j'ai le plus aimé, ce n'est pas tant l'histoire elle-même, assez classique, mais c'est surtout les atmosphères qui se dégagent des lieux. Ceux-ci varient du tout au tout selon les heures, les jours, le climat. On sent bien qu'une malédiction plane sur cet endroit. Susan Hill excelle à créer les attentes les plus effrayantes, les bruits suspects, les délires les plus horribles. Avec elle, on est loin du gore, tout est dans la suggestion et l'imagination et c'est pire que tout. Quand rien n'est dit mais que tout peut arriver, n'importe où, n'importe quand, c'est alors que j'éprouve mes plus grandes peurs et en cela, c'est vraiment parfait. La fin est particulièrement réussie. Billet de Karine La Dame en Noir de Susan Hill, Thriller (L’Archipel, 220p. 2012, Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet.) Titre original : The Woman in Black, 1983.
Le roman paraît le 8 février aux éditions de l’Archipel que je remercie pour cet envoi.
Le film sortira en France le 14 mars 2012, avec Daniel Radcliff.
Susan Hill est née à Scarborough, en Angleterre, en 1942. Écrivain pour enfants, auteur dramatique, journaliste, elle a écrit de nombreux romans policiers dont Au risque des ténèbres, La mort a ses habitudes (Robert Laffont, 2007 et 2009). Avec ce conte fantastique, Susan Hill – lauréate de nombreux prix littéraires, dont le Whitbread et le Somerset Maugham Award – prouve qu’elle a plus d’une corde à son arc.
Challenge d'AnneVoisins voisines pour l'Angleterre