Le cri dans la nuit

Parfois, j'ai eu le temps de rejoindre Morphée, d'autres fois, j'y suis presque et entre deux mondes, je me suis abandonnée. C’est là que ça arrive, un cri dans la nuit, le cri qui torture, celui qui transperce vos rêves et votre cœur. Les jambes en guenille, je me lève comme si le brasier me brûlait. Un autre cri, la peur, le mal de cœur... Elle est réveillée maintenant. Elle pleure et demande maman. Encore endormie, mes mains tremblent moi aussi. Comme une routine bien établie, je prends mon oreiller, je fais quelques pas et je la rejoins sur son petit matelas au coin de notre chambre. Je me couche avec elle en la serrant très fort sur mon cœur. Tranquillement, son corps cesse de trembler, ses yeux se ferment et elle se rendort accrochée à moi comme à une bouée de sauvetage. 
Je pleure.
J’ai peur que ça recommence.
J'ai peur de me rendormir et d'être à nouveau réveillée par ce cri qui torture.
Je rage aussi, le manque d'aide et de ressources pour des familles comme la nôtre.
Je finis par m'endormir d'épuisement la main dans ses cheveux.
J’appréhende toujours les soirs venir. Souvent, pour ne pas me faire voler mes rêves, je reste éveillée, en mode attente, de ce cri qui me fait si mal à moi aussi. Mais on ne s’habitue pas et il me surprend toujours. Tout mon corps tremble de ce réveil brutal, à chaque fois...
Notre cri à l'aide n'est pas aussi puissant que celui de notre puce, parce qu'il n'a encore réveillé personne. Il semble que soigner notre fille n'est pas une priorité...
Épuisée et désespérée, je m'endormirai jusqu'au prochain cri dans la nuit.