Zomby est sans conteste l’un des rois du dubstep. Après beaucoup d’EPs et son excellent album Where were you in 92′?, il revient avec son album Dedication en 2011 qui semble plus être une sorte de compilations de sons non finis qu’un véritable album… Une sorte de portfolio de ce qu’il sait faire.
Je ne sais plus comment catégoriser la musique de Zomby. Du moins, plus depuis Dedication. Sur son album, qui dure 35 minutes pour 16 chansons, on retrouve une sorte de mélange de tout ce qu’il aurait laissé par exemple dans un dossier nommés “Projets”. Rien ne semble totalement abouti, et beaucoup de chansons s’arrêtent à des moments inattendus, ou durent moins de 2 minutes. Par ailleurs, beaucoup d’entre elles manquent de certains éléments musicaux.
Cependant, il est certain que ces “échantillons” restent tous excellents. On remarque alors que le producteur a vraiment décidé de mettre sa main partout. Il s’émancipe alors de sa basse habituelle, mais on retrouve toujours sa touche de folie 8-bitesque. Il puise alors dans un peu de tout et sort de sa zone de confort avec brio ! On retrouvera alors énormément de Witch House, comme dans l’excellente intro Witch Hunt, voire même des sons très Burialesques comme le superbe Natalia’s Song. On sera même surpris de le voir accueillir Panda Bear, leader du groupe Animal Collective pour chanter sur le psychédélique Things Fall Apart. En fait, rien que le fait de réussir à faire chanter quelqu’un d’aussi doux que Panda Bear sur un beat 8-bit gangster avec des bruitages hip-hop et des snares d’armes à feu, est déjà un exploit en soi.
Zomby s’accommode très bien aux nouvelles mouvances musicales ! On adorera ses essais expérimentaux sur la Witch House avec ses beats hantés et fantomatiques, ses drums angoissants, sa basse dangereuse… L’intro, Witch Hunt, est la plus représentative, avec son synthé très film d’horreur kitch, sa basse mortelle et la vélocité des snares qui rend le tout très angoissant. Sur des morceaux comme Vortex, Florence, ou encore Riding With Death, on retrouvera beaucoup de ses éléments et de ce nouveau style qu’il maîtrise à la perfection. Vanquish, du haut de ses 59 secondes de basse éthérée et distordue, vide de drums et de synthé, met en place un son de plus angoissant. De même pour Basquiat qui, à travers son piano sombre et lo-fi, consolide cette ambiance. Le tout retranscrit presque l’ambiance du classique Night de Benga !
On retrouve néanmoins tout ce qui a fait sa gloire. Beaucoup de 8-bit, comme sur Things Fall Apart, beaucoup de ses bruitages kitch qui font leur effet, et surtout sa bassline phénoménale. Les sons s’enchaînent et certains servent presque d’interlude, durant difficilement 1 minute.
Zomby prend vraiment du recul par rapport à sa production habituelle, et l’effort est véritablement louable vu à quel point il réussit à s’approprier tout cela. Ainsi, son album est très expérimental et ressemble plus à un condensé d’échantillons… Il n’est donc pas du tout abouti, MAIS il en n’en est pas pour autant incohérent. On sent une certaine cohérence dans le tout, et chaque son est à sa place… Enfin presque, je ne comprends toujours pas ce que vient faire Natalia’s Song ici, puisque c’est principalement du post-dubstep très copié sur Burial (mais toujours excellent).
Apparemment, il semble que ce son provient d’une ancienne collaboration douteuse avec un producteur, qui lui aurait envoyé le loop. Zomby aurait simplement masterisé ça et rajouté des drums sans le créditer… Ce qui explique le côté en rupture avec le reste des chansons.
Ainsi, cet album’est le nouveau Zomby, celui qui a essayé de sortir de sa zone et qui au final a réussi à totalement changer de genre. Si Dedication était abouti, ce serait sûrement l’un des meilleurs albums de ces dernières années. Malgré ceci, Dedication reste très sombre, audacieux et surtout, il reste le reflet du génie du producteur qui n’en a pas fini de nous impressionner.
Etudiant de 17 ans passionné de musique underground. Je connais la musique comme ma poche et des trucs que même Discogs ignore... Je te fais découvrir les meilleures et les pires sorties, je façonne ton goût. C'est moi qui analyse la musique actuelle et qui vous cultive. Pour vous servir.