My Antonia Traduction : Blaise Allan
Extraits Personnages
Introduit par la citation deVirgile : "Optima dies ... prima fugit" ("Ce sont les temps les plus heureux qui s'enfuient les premiers" - traduction libre), "Mon Antonia" prouve certes que les plus grands nouvellistes, ce qu'était indubitablement Willa Cather, sont beaucoup moins à l'aise, perdus sur le vaste fleuve du roman. Mais il suffit de faire un petit effort, surtout si l'on a déjà été séduit par l'univers de la nouvelliste américaine, pour accrocher à l'histoire de la petite Antonia Shimerda, émigrée de sa Hongrie natale avec toute sa famille pour trouver fortune dans les plaines du Nebraska.
Elle nous est contée par Jim Burden, qui a grandi avec Antonia et qui, dans sa jeunesse, eut certainement pour elle un sentiment amoureux. Mais au-delà la destinée d'Antonia et de sa famille, au-delà celle des fermiers, puis des citadins qui les entourent, c'est une page de l'immigration européenne sur le Nouveau continent que Willa Cather nous dépeint ici, avec fierté mais aussi avec une nostalgie douce-amère.
Des émigrants, il y en a partout aux Etats-Unis en ce tout début du XXème siècle : les plus anciens fermiers eux-mêmes ne sont-ils pas, pour la plupart, issus de colons anglais ? Outre les Shimerda qui arrivent directement de Bohême, on y croise une forte colonie scandinave, Norvégiens et Suédois pour la plupart, des Tchèques et même deux Russes. Avec plus ou moins de bonheur, tous affrontent une nature superbe mais exigeante et résolument hostile lorsque se lève l'hiver. Et, à quelques exceptions près, se montrent solidaires les uns des autres. Nous sommes bien loin de l'Amérique hyper-consumériste qui va se développer après la Grande guerre et culminer avec la fin du siècle.
A un point tel que le lecteur, européen ou pas, est en droit de se demander ce que penseraient les modèles dont Cather se servit pour donner vie à ses personnages de leurs actuels descendants.
Plus qu'un roman véritable, avec intrigue complexe ou flux de conscience, "Mon Antonia" est surtout un hommage délicat et attendri, rendu par Willa Cather à son pays natal et aux pionniers ses ancêtres. Il doit se lire comme tel, en se laissant bercer par son rythme paresseux.