Le premier ministre inculpé pour outrage

Publié le 03 février 2012 par Journalpakistan @journalpakistan

S’il est reconnu coupable devant la justice, Youssouf Raza Gilani devra démissionner. De quoi provoquer des élections anticipées.

Paru sur le Point.fr le 3 février.

Le compteur tourne pour Gilani“, titrait, vendredi matin, le quotidien The Daily Times. Jeudi, le Premier ministre a été inculpé par la plus haute autorité judiciaire du pays pour outrage à la justice. Il comparaîtra devant la Cour suprême le 13 février. Elle lui reproche d’avoir ignoré, depuis deux ans, ses injonctions de rouvrir une enquête pour corruption contre le président Zardari.

Peu d’observateurs pensent que le gouvernement de Youssouf Raza Gilani ira jusqu’au bout de son mandat, qui expire dans un an. Si la Cour condamne le Premier ministre, il devra démissionner. Le président Zardari pourrait alors dissoudre l’Assemblée nationale et provoquer des élections anticipées. Un scénario qui ne ravit pas certains ministres. “Nous sommes pessimistes quant à nos chances de rester au pouvoir après les élections, confie un membre du gouvernement sous le couvert de l’anonymat. Les gens n’ont plus de travail. Les entreprises ne peuvent même plus produire à cause des coupures de courant et de gaz.
Élu en 2008, le parti du président Asif Ali Zardari, le PPP, n’a pas su réformer l’économie. Alors que la croissance économique des pays voisins atteint 6 à 7 % par an, celle du Pakistan ne dépasse pas 2,5 %. Insuffisant pour créer assez d’emplois quand des millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. 15 % de la population est au chômage. 20 % vit en dessous du seuil de pauvreté. Pire, en 2011, les investissements des entreprises étrangères ont chuté de 60 %.

“Le gouvernement passe son temps à se défendre”

Les stations-service, privées de GPL, ferment trois jours par semaine, tandis que le prix de l’essence a dépassé la barre symbolique des 100 roupies le litre. Cela ne représente que 85 centimes d’euro. Mais, pour la majorité des Pakistanais, c’est déjà trop. “Nous avons d’autant plus de mal à réformer que, chaque semaine, une nouvelle affaire apparaît et le gouvernement est obligé de passer son temps à se défendre“, ajoute cette même source. Si des élections ont lieu cette année, la défaite du PPP paraît donc certaine. Le parti d’Imran Khan, un ancien joueur de cricket très populaire ici, est en tête des sondages.

Selon les juristes, la procédure judiciaire contre Gilani pourrait prendre plusieurs semaines. Le gouvernement n’est donc pas près de tomber. Et l’instabilité politique ne devrait pas avoir trop de conséquences sur le processus de paix en Afghanistan dans lequel le Pakistan tient un rôle important. La politique afghane d’Islamabad est dirigée, en coulisse, par les militaires. La confrontation entre la Cour suprême et le gouvernement n’a pas empêché les Américains de commencer à discuter avec les talibans la semaine dernière au Qatar, avec l’appui, probable, des services de renseignements pakistanais.


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