De gauche à droite: Dede WP, Tom WP et Darren Bancroft © Tom Medwell
Le trio anglais revient en 2012 avec Ternion, un nouvel album à la fois élégant et sombre. Ternion est une petite bombe bombe électro pop gorgée de tubes à l’image de « What’s Mine, What’s Yours », « Where Are Your People ? « , de titres groovy (« Tired Of Running ») ou de titres plus mélancoliques (« Pressure On »). De passage à Paris, le groupe a accepté de répondre à quelques questions.
Comment vous allez ?
Tous : Bien !
Tom : On est arrivé ce matin, on a parlé de nous, donc c’est cool.
Darren : On a parlé de nous (rires) et toi ta journée ? (rires) Non c’est cool que les gens veuillent nous parler de l’album. Ce n’aurait pas été bon si personne ne voulait nous en parler.
Dede : Non pas bon !
Comment s’est passé la transition entre les 2 albums ?
Darren: On a fait beaucoup de shows.
Tom: On était sur la route, dans un van …
Darren : Beaucoup de tournées. On a essayé de rester en contact avec les amis, essayé de rester en contact avec la famille, essayé de dormir, essayé d’entretenir des relations, certaines mieux que d’autres …
Tom : On raconte tout cela dans l’album
Dede : Oui surtout beaucoup tourné !
Tom : On a commencé à écrire le second album, on faisait attention, on voulait être surs qu’on le faisait bien, qu’on n’oubliait pas d’ écrire (rires) . Non plus sérieusement , on s’assurait de commencer à travailler sur le nouvel album. Il faut rester créatif, je pense que c’est comme un accomplissement de soi quand tu commences, tu t’améliores, tu as une idée plus claire de ce que tu veux . Donc on faisait ça, on était juste un groupe. On passait de bons moments. Maintenant on est prêt a repartir en tournée encore.
Pendant 2 ans encore ?
Dede : Ça fait un peu peur dit comme ça.
Tom : Non peut être pas aussi longtemps, mais au moins un an ou plus, peu importe.
Et ce deuxième album, comment est-il né ?
Tom : C’était différent mais pas plus dur, je pense qu’on a trouvé un nouveau process d’écriture qu’on aimait. On avait 2 ou 3 chansons de faites, puis on faisait un break et on y revenait « faisons en d’autres » puis on travaillait pendant 2 semaines. A la fin quelqu’un trouvait une idée que les 2 autres aimaient bien. On a fait ça 3 ou 4 fois.
Vous aviez déjà des idées en tête ?
Darren : On discutait de certaines choses. Musicalement il y’a certaines choses dont on a parlé au préalable, on voulait avoir une vision plus « live ». Plus de guitares, plus de basse. On a aussi essayé d’améliorer les paroles, on voulait vraiment écrire d’une manière différente, d’écrire des choses plus personnelles, de raconter des histoires, créer une image. On a parlé de tout ça avant, mais quand tu commences, tu ressens des choses, certaines choses ne fonctionnaient pas, certaines chansons ont été recalées parce qu’elles sonnaient trop comme le premier album ou parce qu’elles ne ressemblaient pas à ce qu’on attendait, n’allaient pas avec le reste de l’album. On a essayé de faire un album qui ressemble plus à un album. Le premier album on peut dire que c’était une compilation de titres mais là on voulait une certaine harmonie et c’est ce qu’on a fait.
Le process de création d’une chanson ressemble à quoi ?
Tom : On commence généralement avec la musique avec moi a la guitare, sur l’ordi ou sur une boite à rythmes. Ensuite on développe une idée assez rapidement et peut être dans les 2 heures, on arrive avec quelque chose que quelqu’un d’autre peut écouter. Si les gens aiment la vibe, si ça leur plait, ça inspire la mélodie, les paroles. Des fois ça prend quelques heures,ou quelques fois la chanson entière peut être faite en une soirée. Ça varie beaucoup mais c’est toujours un travail où nous sommes tous les 3 impliquées à des degrés différents et on produit beaucoup nous même. Ça change pour chaque chanson, n’est-ce pas ?
Dede : Tout à fait
(regards complices et éclats de rires)
Vous avez un titre favori sur l’album?
Darren : Et toi ?
« Tired Of Running ».
Tom : (chante)
Darren : Pourquoi tu l’aimes ?
Tom : C’est une chanson groovy.
Dede : J’aime chanter celle là en fait lors des shows !
Darren : Je dirais « Pressure On » parce que Tom chante dessus et qu’elle sonne différemment. Mais je les aime toutes.
Dede : Je ne sais pas si je peux en choisir une . J’aime « Shift ».
Tom : On tombe amoureux en quelque sorte de certaines chansons lorsqu’on les joue en live. Plus elles provoquent des réactions, plus on les aime.
Pour parler de l’album, il est quand même un peu plus sombre que le premier non ?
Tom : Oui un peu plus profond, un peu plus personnel. Parce qu’on a beaucoup essayé d’écrire des choses plus personnelles, avec moins de fun. S’il est plus sombre, c’est peut être parce qu’on voulait qu’il le soit inconsciemment, ca s’est fait naturellement. Certaines personnes écrivent un album en se disant « je veux m’ amuser sur cet album » et parce qu’ils ont pensé ça, ils l’ont ressenti, l’album sonnera comme ça. Pour nous , ça semblait naturel d’avoir cette ambiance, pas parce qu’on est dépressifs ou malheureux mais parce que ça sonnait juste. Une bonne partie de la musique qu’on aime est sombre…
Darren : Même certains titres de LCD Soundsystem qu’on aime. Il y a toujours comme un cerain côté obscur dans la manière d’écrire de James Murphy. Il est à l’aise avec le fait de regarder, d’affronter le côté obscur de la vie. Et nous, on est toujours en train d’évoluer.
Vous avez récemment repris The Horrors. Pourquoi eux ?
Tom : Je ne sais pas trop pourquoi en fait.
Dede : On aime beaucoup leur album.
Tom : et puis on s’est dit qu’une reprise serait un truc intéressant à faire. En fait, on avait déjà fait quelques unes , on a fait une de INXS, une de …
Tom et Dede : (en choeur) David Bowie !
Tom : Et maintenant on en a fait une des Horrors et une de Washed Out.
Dede : Donc on aime faire des reprises (rires)
Tom : Si ça vient naturellement c’est un truc assez fun à faire, généralement une reprise est mauvaise quand elle n’est pas convaincante. Certains le font juste parce que c’est cool ! On pense à en faire quelques unes.
Dede : On en a essayé d’autres.
Tom : Maintenant quand tu sors un nouvel album, tu ne peux pas te présenter qu’avec ton nouvel album. Tu dois faires des remixes, des reprises, donner du contenu aux gens. Un album ne suffit pas. Et on n’aurait pas sorti ces reprises si on ne les avait pas aimé.
Darren: Et eux aussi ils l’ont aimé, c’est assez cool. C’était gentil !
Dede : Ils nous l’ont dit et c’était très sympa !
Qui devrait faire une reprise de We Have Bband ?
Tous : Oooohhh !
Darren : J’aime cette question ! Personne ne nous a encore repris.
Dede : Non pas vraiment.
Tom : Sur Youtube.
Darren : Il y’a quelques vidéos trèèès intéressantes sur Youtube (rires)
Intéressantes ?
Dede : C’est … intéressant . Mais je ne sais pas qui pourrait nous reprendre.
Darren : Quelque chose d’inattendu. Quelqu’un comme Laura Marling qui ferait une version folk d’un titre, Kate Bush …
Tom : (rires)
Dede : Peut être Metallica
Tom : Ouh Metallica …
Dede : Pourquoi pas ?
Darren : Je pense que quelqu’un d’un univers vraiment différent du nôtre.
Et votre univers c’est ? On vous qualifie de ‘Joy Division like’, ‘New Order like’ …
Tom : On ne dirait pas ça.
Dede : Les autres le diraient . On préfèrent laisser les gens entendre ce qu’ils veulent entendre. On n’écoutaient pas ces groupes lorsqu’on faisait l’album.
Tom : Mais on connait ces groupes. Ça dépend vraiment de l’oreille de la personne qui écoute. Et oui certains écoutent et pensent à d’autres groupes vraiment cools. Pour nous, c’est juste ce qu’on aime, ce qu’on a fait. C’est un album We Have Band.
Et vous comment vous l’entendez ? Comment décrirez-vous votre musique alors ?
Tom : Je ne sais pas vraiment.
Darren : C’est vraiment … je ne sais pas.
Tom : Ce n’est pas du disco-funk, ce n’est pas de l’indie électro.
Dede : Il est un peu plus rock peut être.
Tom : On est un groupe de rock ?
Darren : On est un groupe de rock !
Tom : C’est officiel !
Darren : Prenons TV On The Radio, comment est ce qu’il se décrirait ? On n’est pas comme eux mais ils font aussi un tas de choses différentes.
Dede : Sauf si tu veux être quelque chose ou tu essaies de rentrer dans un case, c’est difficile à définir.
Tom : C’est un peu débile d’essayer, de se sentir obligé de catégoriser à chaque fois. Un groupe veut juste déclencher des émotions physiquement ou émotionnellement avec sa musique.
Darren : Si avec le temps par exemple on se met à ecouter beaucoup de folk et faire un album folk, on le dirait . Mais là on essaie juste différents trucs. Par exemple on aime bien les sets acoutiques aussi. Ça marche aussi en acoustique. Toi tu nous mettrais où ?
Je ne sais pas trop mais j’aime bien ne pas pouvoir classer. Pour généraliser simplement, je pourrais dire que vous êtes Indie.
Dede : Oui on est Indie.
Darren : Non, nous sommes Rock maintenant. A partir de maintenant, on est un groupe de Rock. Tu as droit à notre première interview en tant que groupe de Rock (rires).
Vous travailliez avant dans un label et maintenant vous êtes artistes. Avec votre expérience, comment est-ce que vous voyez l’évolution de l’industrie ?
Tom : C’est plus dur maintenant.
Dede : Oui je pense que c’est devenu encore plus dur.
Tom : Il y’a toujours autant de bonne musique mais c’est devenu plus difficile. Il faut travailler plus pour moins gagner. Il faut être prêt à le faire. On aime le boulot qu’on fait , c’est génial de voyager, de jouer sa musique partout dans le monde. Je pense que ça a changé.
Darren : C’est aussi en quelque sorte plus facile de se faire connaître. Tu peux faire de la musique et la mettre en ligne sur ton blog.
Dede : Et tu peux toucher un public dans des endroits tellement différents, partout. Tout ça grâce à internet. Sur Facebook ou Twitter, il y’a des gens qui te parlent de ta musique, c’est génial.
Darren : Les gens disent toujours que la muqique est morte mais c’est faux, elle est toujours en vie. Les gens en font toujours.
Tom : Il y a toujours un groupe dehors qui ne demande qu’à se faire connaitre. Et c’est dur car ça bouge tellement vite, il y’a toujours un nouvel artiste, un nouvel album, une nouvelle chanson.
Darren : C’est pour cela que l’on se sent chanceux. On sort un deuxième album et il y a toujours un public présent pour l’écouter, pour venir aux shows. C’est quelque chose d’assez dur à garder. Et même d’avoir sorti un nouvel album c’était déjà quelque chose.
Dede : C’est génial.
Tom : Chaque semaine par exemple NME te trouve 5 nouveaux groupes. Chaque semaine. Plus de 250 nouveaux groupes par an. Et là c’est qu’un seul magazine. Il y’a d’autres magazines qui vont vous trouver plus de 200 groupes par an et vous il y’en aura au final que 5 ou 10 qui auront vraiment un impact.
Darren : Pour l’instant là on est à Paris en train de te parler de notre 2eme album, on est chanceux.
Donc on se donne rendez-vous pour parler du 3eme ?
Darren : En décembre 2012 (rires).
On ne sera pas tous morts ?
Darren : Normalement si (rires). Non mais c’est le moment de commencer à y penser. Une fois que l’album sort il y’a le côté tournée qui revient …
Tom : Beaucoup moins de temps libre. On commence à y penser. Sinon après tu finis dans un tour bus et il n’y a plus beaucoup de choses pour t’inspirer.
Darren : Progression
Tom : C’est le titre de l’album (rires)
Dede : Progression
Darren : Tu dois sentir que tu vas de l’avant quand tu fais quelque chose de créatif.
Etre dans le même groupe que son mari, ça rend les choses plus faciles ?
Dede : Je ne le ferais pas sans lui.
Darren : Comme Tom dit , et il a raison …
Tom : Oui j’ai raison.
Darren : Ça aurait été bizarre peut être si on avait été tous amis et après ils se soient mariés. Mais ils l’étaient avant . Je ne sais pas … Ça aurait été bizarre si on était une bande de jeunes de 18 ans avec juste l’envie de s’amuser.
Dede : On n’est pas comme ça. On a besoin d’un sentiment d’alchimie, d’amitié, une atmosphère bienveillante.
Et vous pensez faire une tournée vraiment différente de celle d’avant ?
Dede: C’est toujours un peu différent.
Darren : On y pense.
Dede : Oui on pense à faire quelque chose de différent. On n’aimerait pas que le public revienne pour revoir le même show. On va jouer de vieilles chansons mais on pense à appréhender la scène différemment cette fois.
Darren : Des fois on a l’impression que les shows maintenant sont plus une sorte de présentation. Beaucoup de groupes arrivent sur scène, jouent l’album, et puis « Merci beaucoup, bonne nuit ». C’est une manière de faire aussi.
Dede : Point trop n’en faut. On ne va pas trop y réfléchir. On ne va pas se lancer dans des trucs pyrotechniques.
Darren : Pas de danseurs. Juste le fun.
Propos recueillis par Wadji B.
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