J'ai découvert le travail de Guillaume Long il y a fort longtemps, voilà presque une dizaine d'années, quand il publia le récit de sa vie estudiantine en 2 volumes intitulés : Comme un poisson dans l'huile et Les Sardines sont cuites (Éditions Vertige Graphic, Paris, 2003). Depuis, le gars a fait son bonhomme de chemin, illustrant notamment sa vie de gourmet-auteur-illustrateur au fil de son blog hébergé sur le site du Monde.
Comme j'ai un mal fou à apprécier la Bande Dessinée par le prisme peu confortable d'un écran, j'ai toujours laissé de côté les recettes et trouvailles culinaires qu'il y propose -alors que ces dessins sont une mine et pas que de crayon, han han- et ce, malgré les recommandations fort probantes de mes bloggeuses préférées. Parmi mes 'bonnes résolutions' pour l'année nouvelle, je reprends avec assiduité la lecture de Bandes Dessinées. Et comme un bonheur n'arrive jamais seul, en ce moment, les bandes dessinées consacrées à la bouffe sont légions ! Les productions asiatiques (Corée, Japon, Chine) sont vraiment des pionnières en la matière, en plusieurs épisodes comme Oishinbo de Tetsu Kariya et Hanasaki Akira, ou en un volume, tel que Le Gourmet Solitaire de Jirô Taniguchi, véritable bijou pour les hédonistes et les puristes en quête de plénitude.
J'hésitais pourtant entre le dernier Craig Thompson, Habibi, et Quai d'Orsay parce que Blain, c'est bien, et voilà qu'il me tombe dessus de tout son Long. Avec sa couverture jaune pétard et son air d'éternel étudiant, je n'ai pas résisté longtemps ! Dans le beau volume édité par Gallimard, d'après son blog, sous le titre éponyme À boire et à manger, Guillaume Long nous plonge dans les aventures quoditiennes de son rapport à l'alimentation. Tantôt potache -séquences de co-voiturage en direction de la piscine municipale avec un cuistot pas bien loquace-, tantôt baroudeuse et communautaire -un trip Vénitien, un autre Hongrois-, l'approche qu'il fait de la nourriture est forcément teintée d'amour. Dans tout l'album, Guillaume Long nous promène dans les terroirs marqués du Jura où il a élu domicile, sur lequel flotte, je le devine, un accent helvético-helvète bien chaleureux. Native du Jura, ce petit département pas très peuplé mais plein de gens charmants, je reconnais bien les expressions idiomatiques de la Suisse (« ou bien, ça joue ? »), et je dois dire que sa BD m'a plu. D'un bout à l'autre, on voyage, on apprend des « tips » de gourmet, des petits tocs de foodisto (il confesse être atteint de râpomania), et je m'identifie terriblement dans ce portrait de gourmand/gourmet qui, quelques soient les circonstances, a si bien éduqué son estomac qu'il peut accueillir LE morceau de Comté extra vieux méga délicieux à toute heure du jour ou de la nuit. C'est un portrait d'hédoniste, connaisseur de bonne chère, le tout servi par une illustration faussement naïve, mais vraiment pleine de malice.
À lire absolument !
À faire absolument ! quand la BD a été dévorée :
Revenir sur l'index par ingrédients, juste pour baver comme Guillaume doit le faire en pensant aux poissons frais (pas parce qu'il le fait, parce que le poisson, c'est bon).
Revenir sur la Table des Recettes, qui, ça j'aime, fait la part belle au SALÉ et milite pour le VRAI CAFÉ, le bon café qu'on fait sans machine à dosettes mais avec une vraie cafétièré italienné (les meilleures, mais chut !).
Détacher selon-les-pointillés le pense-bête des légumes par saison et le coller sur son réfrigérateur. Utile pour consommer local, local et local. De saison, ipso facto.
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Guillaume LONG, À boire et à manger, Gallimard, 2012, en partenariat avec Le Monde.fr.