Communiqué d’Anonymous du 2 février en réaction aux arrestations dans l’affaire EDF
INTRODUCTION
Vendredi 27 janvier 2012, nous apprenions l’arrestation de trois personnes présumées liées au mouvement Anonymous et soupçonnées d’être auteurs d’attaques contre EDF lors de l’opération “Green Rights”. L’une des personnes mises examen est Triskel, propriétaire du raccourcisseur de lien irc.lc.LES FAITS
Pour bien comprendre cette affaire, revenons sur les faits. Fin mars 2011, suite aux évènements tragiques survenus à Fukushima, Anonymous réagit.L’opération « GreenRights » est lancée contre de grandes entreprises accusées de privilégier leurs activités lucratives au dépend de l’environnement et des critères essentiels de sécurité. EDF fait partie des cibles retenues en raison de sa proximité avec le groupe Enel, actif dans la production et la distribution d’électricité et de gaz sur quatre continents, dont l’actionnaire principal n’est autre que le ministère de l’Économie et des Finances italien.Cette décision de politique énergétique du gouvernement Berlusconi était opposée à la volonté populaire italienne, le peuple ayant voté majoritairement contre le nucléaire par référendum. Le câble Wikileaks 08ROME1191 soulignait d’ailleurs la corruption dans le choix des appels d’offres passés auprès des entrepreneurs du nucléaire. Le 8 mai, deux pads concernant EDF ont été créés. L’un s’intitulant “edf sucks“, une sorte de revue de presse recensant les différentes casseroles d’EDF, l’autre “edf press release” visant à rédiger un manifeste et d’en faire des traductions dans le cadre d’une diffusion massive.Cependant, aucun de ces pads n’appelaient à une quelconque sorte de manifestation virtuelle. Ils ne contenaient pas non plus de détail technique pouvant servir à un piratage, ils avaient pour seul but d’informer.La perquisition du parti pirate allemandC’est dans la précipitation et sur la base de rumeurs entendues d’elles seules, que le 19 mai les autorités perquisitionnent le siège du Parti Pirate Allemand, deux jours avant les élections dans le Land de Brême. La police a saisi les serveurs du parti sous prétexte que “piratenpad”, son outil d’édition collaborative, aurait hébergé une clé SSH permettant d’accéder à un ou des serveurs d’EDF. Cette rumeur lancée par la justice n’a cependant, jusqu’à ce jour, jamais été prouvée.Selon ses dires EDF aurait, en avril dernier, subi une intrusion informatique. La justice française soupçonne alors “Anonymous” d’être responsable de celle-ci car à la même période, un sit-in virtuel avait été mené contre EDF. La police allemande fit ainsi preuve d’un zèle remarquable en intervenant avant même que les enquêteurs français fassent une requête formelle.La saisie des serveurs rendant inaccessible le site, les électeurs étaient dans l’incapacité de s’informer des avancées politiques des élus du Parti Pirate, ainsi que d’en consulter le programme. Et ce, à seulement deux jours d’élections locales. Pour couronner le tout, aucun “Anonymous” ne semble avoir eu connaissance de cette “fameuse” clé SSH. Autre détail curieux, EDF est la seule entreprise ayant déclaré avoir subi un préjudice financier. Celui-ci avoisinant les 160 000 euros. En résumé, sur la seule base d’une supposition, une importante opération policière franco-allemande a été menée, mettant en cause la création de deux textes purement informatifs et pénalisant de surcroit le parti pirate allemand à la veille d’une échéance électorale.VAGUE D’ARRESTATIONS Avant d’en venir aux récentes arrestations, rappelons que : “La durée de la garde à vue est de 24 heures.Elle ne peut être prolongée jusqu’à 48 heures que si la peine encourue est d’au moins 1 an d’emprisonnement, sur autorisation écrite et motivée du procureur de la République et après présentation devant celui-ci.Pour les affaires particulièrement complexes et graves, la prolongation peut être prolongée jusqu’à 72 heures (voire 96 heures ou 120 heures, en cas de risque terroriste), sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD) ou du juge d’instruction”. Le mardi 24 janvier, la police procède à l’interpellation de Triskel. Placé en garde à vue pendant plus de 48h (60 heures exactement, selon ses dires), il est accusé d’avoir participé à un sitting virtuel contre edf.com ainsi que d’ “entente en vue de l’entrave au fonctionnement d’un système de traitement de données” car offrant « un moyen de discussion » aux “Anonymous”. Or ce jour-là, Triskel n’a fait que visiter le site d’EDF pour constater le sitting, comme beaucoup d’internautes. De plus, son site web irc.lc n’est qu’un raccourcisseur de liens parmi d’autres redirigeant de manière simplifiée vers d’autres serveurs hébergeant des salons de discussions irc, comme il en existe beaucoup sur Internet. La perquisition du domicile a permi à la police de mettre la main sur une grande quantité de données concernant toute personne s’étant connectée à irc.lc, mais n’ayant pas spécialement de rapport avec les opérations. Les forces de l’ordre vont même jusqu’à fouiller dans les sous-vêtements de sa petite amie afin d’y débusquer un masque de Guy Fawks (V pour vendetta). Parmi les deux autres prévenus, l’un est accusé d’avoir coordonné les sit-in virtuels lors de l’opération “green rights”, ce qui est en réalité totalement faux, car l’initiative avait déjà été prise en avril par des Anonymous italiens.NOUS DÉNONÇONS
- Anonymous dénonce les moyens disproportionnés utilisés par les polices allemandes et françaises contre deux pads au contenu informatif et parfaitement légal.
- Anonymous dénonce l’amalgame entre les actes de piratages, les intrusions informatiques, les sittings virtuels et la participation aux débats sur des salons de discussions en ligne ouverts à tous. L’information judiciaire a été ouverte pour “accès et maintien frauduleux dans un système automatisé de traitement de données, entrave et participation à un groupement en vue de la participation à ces infractions”. Cette attitude de la justice française pourrait créer un dangereux précédent. En effet, un internaute, qui se connecte sur un chat librement accessible et qui va vérifier si un site visé par une opération est toujours en marche, peut se retrouver accusé d’être partie prenante de “l’entente” Anonymous.
- Anonymous réprouve la répression des sit-in virtuels qui ne sont que le reflet d’une manifestation pacifique à l’ère d’internet et ne conduisent à aucun dégât matériel. Il n’y a eu ni cyber-morts, ni cyber-blessés, ni cyber-dégats.
- Anonymous condamne l’acharnement judiciaire n’ayant d’autre motif que de désigner un coupable, discréditer une contestation et faire bonne figure devant l’opinion.
- Anonymous en appelle aux pouvoirs publics français afin de mettre un terme à de tels agissements, qui ne respectent d’ailleurs pas les principes de base de la République.
FINAL
Ces arrestations témoignent d’une dégradation des libertés en France. Selon l’Article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen 1789: « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi »
Chacun a le droit de parler librement dans un lieu ouvert à tous ou d’écrire un argumentaire pour dénoncer les comportements d’une entreprise sans appeler à des actes illégaux.Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. Les arrestations à but politique sont indignes d’un État de droit. Nous tenons à manifester toute notre sympathie envers les trois personnes arrêtées et leur famille. Nous saluons avec émotion toutes les anonymous victimes de la répression qui ont eu le courage de défendre nos valeurs et nos principes, ainsi que les droits fondamentaux de chacun d’entre nous.We are Anonymous,We are legion,We do not forgive,We do not forgetExpect usSource Operation leakspin