Pendant quelques instants, dans un grand silence d'or, il n'y a que les colonnes aux cannelures de marbre et leur fond de ciel azur, immobiles, illogiques, apparues, tombées du ciel comme ces pierres aux formes étranges qui peuples les déserts des tableaux de Chirico.
Je marche et le décor ne s'évanouit pas. Les premiers coups de burin des ouvriers résonnent, rythmés, dans le soleil du matin, et bientôt quelques touristes sont là, Japonais, Américains, comme si mon rêve se sentait obligé de peupler ces ruines qu'on ne touche pas.
Puis je m'approche des remparts et je m'accoude. Le vacarme de la ville blanche m'assaillit. Athènes s'étend à perte de vue, ruine elle-même tant elle est blanche et chaotique et resplendit. Hier au coucher du soleil, les dômes d'or des églises scintillaient comme les étincelles du soudeur.
Penser que: tout vient d'ici, de ce lieu qui semble ailleurs, au-dessus, enclavé, hors de l'espace et du temps qui tout corrompt.