Ma chère et tendre cousine, je t'écris ce mot, car je frissonne d'angoisse pour toi : tandis qu'ici, dans ton pays, nous transpirons à grosses gouttes sous la chaleur de l'été austral, les journaux télévisés auxquels je suis assidu me font craindre le pie pour toi. Je vois des images blanches, de neige, de givre, et de froidure, j'entends des commentaires alarmistes sur la "vague de froid", qui mettrait le pays en danger. J'ai même entendu la présentatrice de TF1 (je ne sais plus son nom) expliquer que "tous les départements étaient touchés".
C'est faux, je te l'assure. Ici, à Saint-Pierre de la Réunion, je m'enroule sous ma couette bercé par le ronronnement de ma climatisation et le doux babil de France Inter.
Mais qu'es-tu allée faire dans ce pays déor, où l'on se plaint de la canicule dès les premiers rayons du soleil, et où l'on hurle à l'ère glaciaire dès que le thermomètre descend en-dessous de zéro.
Moi, j'ai froid de ton absence. Tes yeux bleus de givre me réchauffent l'âme quand j'ai froid, du côté de la Plaine-des-Cafres, ou me rafraîchissent l'esprit, quand je suis prisonnier de ma carcasse métallique, dans les embouteillages du littoral.
Il y a des requins dans l'océan Indien. Dans l'hémisphère nord, il fait froid en hiver. C'est simplement normal.
Ma douce parente, ne prend pas froid.
François GILLET