Certes les études en question décrivent des mutations spécifiques dans le génome du virus qui lui permettent d'être transmissible sous forme de gouttelettes entre les furets, considérés comme un modèle de transmission entre mammifères. La question de biosécurité posée étant que, dans la nature, un tel virus à transmission inter-humaine pourrait déclencher une pandémie mondiale. La question vue du côté scientifique et des enjeux de surveillance est que cette information sur les méthodes et les mutations utilisées par les deux équipes pourrait être cruciale pour les responsables en santé publique et les chercheurs qui s'efforcent de mieux comprendre la transmission de virus pour mieux pouvoir la prévenir. Le NSABB, présidé par le Dr Paul Keim, Directeur du Département Génomique du Translational Genomics Research Institute (TGen), professeur de biologie à l'Arizona University, et directeur du NAU's Center for Microbial Genetics and Genomics avait été invité par le gouvernement fédéral américain à examiner les études avant publication en raison de leur «double usage» possible.
Aujourd'hui, la déclaration de politique « scientifique » du NSABB appelle à trouver « un équilibre entre la liberté académique et la protection l'humanité ». Le NSABB dit avoir pesé les avantages de ces recherches et des perspectives qu'elles ouvrent en matière de nouvelles stratégies de contrôle des pandémies. Mais le NSABB constate qu'il y a un danger important lié à la publication de ces résultats et que le préjudice possible dépasse les avantages. Il rappelle donc sa recommandation de ne pas communiquer les résultats de ces travaux de manière ouverte. «Nous avons constaté le risque potentiel pour la Santé publique est d'une ampleur exceptionnellement élevée ».
«Notre préoccupation est que la publication de ces études, dans le détail pourrait apporter des informations permettant à un individu, une organisation ou un gouvernement de développer des analogues de ce virus A/H5N1 à des fins nuisibles", indique la déclaration. « La dissémination volontaire du virus hautement pathogène et transmissibles serait une catastrophe inimaginable face à laquelle le monde est actuellement mal préparé. »
La déclaration note que la science est dans une période d'évolution considérable avec des capacités technologiques élargies et une capacité accrue de manipulation du matériel génétique :
«Avec ce potentiel technologique sans précédent, c'est la possibilité d'un meilleur contrôle des maladies infectieuses avec d'importantes retombées sociétales, mais c'est aussi le risque croissant d'une mauvaise utilisation de la science avec des conséquences qui peuvent être catastrophiques ».
Une « concertation rapide et générale sur la politique internationale portant sur les recherches concernant le virus aviaire dans le but de développer un consensus sur la marche à suivre » est également souhaitée par le NSABB. Rappelons, qu'il y a quelques jours, le porte-parole de l'OMS, le Dr Fukuda avait déclaré que c'était à l'OMS de coordonner une discussion aujourd'hui trop américaine.
Les scientifiques, favorables également à une coordination de l'OMS, ont expliqué, dans les mêmes revues, après l'interdiction de publication de leurs travaux et le moratoire qu'ils ont par eux-mêmes décidé, les avantages d'une transmission des résultats de leurs recherches aux autres scientifiques.
Sources:NSABB-Science February 1, 2012 1217994 “Adaptations of Avian Flu Virus Are a Cause for Concern”« Public Health, Biosecurity, and H5N1” The Translational Genomics Research Institute
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