Mots du passé
Ce matin, même l'aspirateur était en panne. Et, du coup, les affaires de danse sont sales, après la répétition. Aussi, on ne dit pas assez que les danseurs mangent, vraiment, la poussière. De leur plein gré.
Une seule et bonne et unique raison d'organiser ces rencontres : voir les pièces toute seule. Même sans costume, musique, vidéo, être le seul miroir des danseurs. Et puis, les chiens sont autorisés à assister aux répétitions. Ce qui ne devrait pas s'ébruiter quand même. L'animal fou d'Eva, cette petite chèvre toute secouée, a intéressé Bambi chien. Il ronfle et dresse finalement ses deux oreilles, saisi par quelque chose.
Parfois, le chien s'invite sur scène. Rarement. Mais il tenté de s'immiscer dans le jardin de MHK. Comme, on l'a déjà dit, les danseurs se parlent pendant qu'ils dansent, à l'occasion, ça ne les trouble pas plus que ça.
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D'abord, il y a Eva Klimackova. J'ai craqué pour son minois il y a quelques mois. Nous voulions la bete sauvage et folle chez nous. Entre plusieurs séjours en Europe de l'Est et de Paris, elle s'en vient trotter à l'OuDaPo avec une version vidéo.
Laurence Pagès, je l'ai vue il y a des années de cela quand elle dansait inspirée par Jelinek, l'auteur. Même dans la salle des fêtes de la Mairie du 20ème, j'adorai. Impossible de retrouver son contact par la copine qui m'y avait envoyée. Mon appel à témoin est resté lettre morte. C'était sans compter le CND qui a gentiment diffusé un message général de notre part auprès des compagnies. Je l'ai retrouvée. On a discuté en regardant pas trop précisément la captation de son A 1 fil. C'était fait.
Maria Clark, elle dérive du principe "l'ami de mon ami est mon ami". En tout cas celle de Coco de la Cie DK-Bel. Un passage sur son site : prenons date !
Clotilde de la Cie MHKart. Un processus simple. Je reçois le DVD par la poste. J'appelle vite. Je dis j'aime. Confirmation le lendemain : MHKart en sera.
Aussi divers que soient les chemins pour les réunir, j'aurais pu rêver ce programme. Et échouer. Par la grâce de mon cher hasard, il existe.
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Voilà ce qui frappe, chez eux : le sens du collectif.
Ils ne l'ont pas affirmé, pourtant, mais à les regarder travailler, s'invectiver, on l'y sent. Ca pourrait sembler désuet, il y règne quelque chose de novateur.
Jeunes pousses qui se poussent les uns les autres. Ils auraient vécu, pourtant. Mais quoi on ne le sait pas. Ils sauraient utiliser le fait d'être des hommes et des femmes, tour à tour sexués et êtres humains. Ils seraient en devenir, auraient choisi une voie difficile.
Mais ne danseraient que pour en imposer une, de voix. Singulière.
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En l'an 2007, les 4 qui seraient dans le vent, ce serait des danseurs. Ils feraient du hip-hop. Enfin, on le dirait mais à les regarder, on ne saurait pas exactement dire de quelle sorte de danse il s'agit, tellement ils ont décidé que c'était la leur. Ils seraient un peu moqueurs et pourraient même sembler blasés. Mais. On aurait vu qu'ils étaient prêts à répéter encore, encore, encore, sur la piste de danse poussièreuse encore. Ils ne seraient aucunement lassés de répéter sempiternellement le même mouvement, pour être bien sûr que cette gestuelle insensée fait maintenant partie de leur répertoire habituel, qu'ils n'hésiteraient pas à utiliser hors scènce, tellement ils ont voulu se l'incorporer. Adam assortirait la couleur de ses casquettes à ses tee-shirts et ferait tout à la fois, gérer, danser, coacher, inventer, lier. B.B., on n'y résiste pas, aurait quelque chose d'enfantin et d'acharné dans sa fluidité. Fabrice l'air détendu se transformerait en moins de deux en machine, mais de guerre non. David virevolterait avec une feinte insoucience.
Si vous étiez là, en ce dimanche 2 décembre, dans notre maison ouverte, le souffle coupé, vous l'avez eu longtemps. Si vous aviez été là, vous l'auriez eu longtemps.