Le transport aérien a retrouvé la sérénité en 2011.
Les statistiques partielles venues de toutes parts, au fil des mois, permettaient déjà d’entrevoir le bilan plutôt positif de l’année 2011. En voici la confirmation, grâce aux statistiques de l’IATA, recoupées à travers les chiffres d’ID Aéro. L’essentiel tient en peu de mots, à savoir que le trafic a progressé de 5,9%, c’est-à-dire mieux que la moyenne historique et au-delà des prévisions relatives aux 20 prochaines années. Mieux, en prenant uniquement en compte le trafic international, la progression atteint 6,9%. D’où l’apparition d’un vrai soulagement et d’un discret souffle d’optimisme, cela à condition de ne pas faire allusion au bilan financier.
Ce dernier n’est pas encore connu mais les premières indications fournies par l’IATA et d’autres groupements professionnels permettent d’ores et déjà d’annoncer une année modérément bénéficiaire, avec d’importants écarts d’une région du monde à l’autre. L’Europe présentera sans doute un bilan à peu près convenable. En effet, l’AEA (Association of European Airlines) prévoit un bénéfice d’un milliard et demi d’euros pour l’ensemble de ses 35 membres. Mais c’est peu, quel que soit le critère retenu, dans la mesure où ce résultat a été obtenu grâce à un trafic en hausse de 8% et qui correspond à 363 millions de passagers. La rentabilité n’est toujours pas au rendez-vous. Les low cost, qui pourraient faire mieux, n’ont pas encore communiqué de chiffres, même provisoires.
L’IATA permet aussi de constater que les compagnies continuent de bien maîtriser leur offre, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. Moyennant quoi le coefficient moyen d’occupation, en très léger recul, s’est établi à 78,1%, un bon niveau. Point remarquable, le trafic sous pavillon européen, toutes catégories de compagnies confondues, se compare désormais aux parts de marché détenues par les compagnies américaines. Mais ces dernières évoluent sur un marché mature qui progresse peu et dominé par un rapport des forces stabilisé : les compagnies low cost progressent, certes, mais qu’il s’agisse de Southwest, JetBlue ou de leurs pairs, les taux type Ryanair, EasyJet et Norwegian ne sont pas à leur portée.
Par ailleurs, les économistes continuent de prendre très régulièrement le pouls du fret, et cela avec inquiétude. Dans ce domaine, les résultats restent médiocres encore que marqués par une amélioration timide, apparue en fin d’année. En 2011, le recul a été de 0,7% seulement et décembre a permis, dit l’IATA, enregistrer une progression de 0,2%, certes symbolique, mais qui annonce peut-être des jours meilleurs. Le coefficient de chargement des soutes et des avions tout-cargo s’est établi à 45,9%, une manière simple de constater à quel point les voyants économiques continuent de clignoter en rouge.
L’analyse des statistiques de trafic apparaît plus que jamais comme un exercice difficile, voire périlleux. En effet, l’impact d’événements extérieurs, hors bonne marche de l’économie, peut tout au plus faire l’objet d’un constat, mais sans chiffrage précis. Une remarque qui s’applique aux mouvements sociaux, aux cendres volcaniques, à un tsunami, à un accident nucléaire grave. Les perturbations qui en résultent sont évidentes mais il est pour le moins difficile de savoir quelle part des voyageurs renoncent définitivement à se déplacer (et sont donc perdus) et combien, au contraire, choisissent de reporter leur déplacement.
Ainsi, l’année dernière, les résultats de la zone Asie-Pacifique ont déçu, le trafic progressant de 4,1% alors que la capacité offerte avait été accrue de 6,4%. Mais, on le sait, la catastrophe de Fukushima et le déchaînement des éléments qui en a résulté a aussi profondément perturbé le transport aérien.
Du coup, au moment de préparer un bilan détaillé de 2011, on constate que les commentaires consacrés au prix du pétrole sont devenus plus rares, commentaires par définition inquiets sinon franchement pessimistes qui relèvent peu à peu d’une forme nouvelle de fatalisme. Le baril à 100 dollars est entré dans les mœurs, il représente un bon tiers des coûts directs d’exploitation des compagnies, lesquelles comptent plus que jamais sur le savoir-faire des motoristes pour atténuer les effets dommageables du kérosène cher.
Au-delà, tout va, semble-t-il, rentrer dans l’ordre, avec l’espoir d‘entamer un vol de croisière par temps calme. Mais ce sera peut-être trop beau, trop simple, pour être vrai.
Pierre Sparaco - AeroMorning