L'enquête a été réalisée entre janvier et mars 2007, auprès de 17 500 personnes, dans toute la France. Pour la première fois, l'Insee (1) a utilisé un procédé qui isole celui qui parle de son entourage. Les femmes, en l'occurrence, étaient équipées d'un casque relié à un ordinateur portable. Aux questions précises posées - et donc inaudibles pour le conjoint, les enfants, etc. - elles répondaient en tapant sur une touche.
Une fois sur deux, le conjoint
L'enquête révèle qu'une femme sur cinq, victime de violences physiques dans sa famille, n'a pas porté plainte ni parlé à qui que ce soit de ce qu'elle endurait. En cas d'agressions sexuelles, le mutisme est encore plus fort : une femme sur trois s'est tue. Or, 6 % des sondées, âgées de 18 à 59 ans, affirment avoir été insultées ; 2,5 % avoir été giflées ou tabassées ; 1,5 % avoir subi un viol ou une tentative de viol en 2005 ou 2006. « Une fois sur deux, c'est le conjoint qui est l'agresseur. C'est même le cas trois fois sur quatre, quand il s'agit de violences sexuelles, dit l'Insee. Et un viol sur cinq est perpétré par l'ex-compagnon. » Elles se taisent, souvent écrasées par la honte, incapables de se libérer d'un sentiment de culpabilité qui les paralyse. Quand elles parlent, c'est d'abord à un proche. « Tout se passe comme si elles cherchaient davantage à être comprises et soignées que vengées. Ou comme si elles n'avaient pas confiance dans les chances de voir leur agresseur puni », constate l'Insee.
Des hommes aussi - une minorité - subissent la brutalité de leur conjointe. « Ils taisent ces violences encore plus certainement. »
(1) Insee : Institut national de la statistique et des études économiques.