L’apathie générale des parents d’élèves français est étonnante compte tenu des piètres résultats de l’Éducation nationale.
Par Anton Wagner
« La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être,
mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne. »
La Boétie
Le gouvernement espagnol vient d’annoncer la suppression des cours d’instruction civique mis en place par Zapatero en 2008.
Ce programme était très contesté par la droite, au motif qu’il s’agissait d’un embrigadement pro-socialiste et antichrétien… Je ne saurais dire si c’est vrai, même si cela ne serait guère étonnant venant de socialistes ; mais je n’ai pas lu ces programmes et ma pratique de l’espagnol est trop fastidieuse pour me le permettre.
J’ai d’ailleurs cru comprendre que la droite, sous Aznar, avait rendu obligatoires des cours de catholicisme, ce qui n’est pas plus plaisant à mes yeux [1]. Tout cela n’est donc très certainement qu’un énième rebondissement dans la lutte idéologique entre droite et gauche espagnoles, comme un lointain écho aux heures troublées des XIXème et XXème siècles.
Je ne prendrai donc pas partie dans cette querelle qui est spécifique au contexte espagnol. Néanmoins, je vois que des parents se sont rebellés contre une décision gouvernementale en matière éducative. Depuis 2008, ce serait plus de 55 000 demandes d’exemption qui auraient été déposées. Les opposants sont même allés se plaindre à la justice européenne !
Je ne peux qu’être désolé de voir, en contrepoint, l’apathie générale des parents français, malgré les résultats plus que mauvais de l’Éducation nationale. Tout semble comme si, de ce côté-ci des Pyrénées, la population avait intégré l’idée de sa privation de liberté ; une sorte de servitude volontaire, comme disait La Boétie, qui illustre sans doute l’enjeu de la liberté en matière d’éducation. En comparaison, c’est une vraie leçon qui nous vient d’Espagne !
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[1] Si c’est exact, la droite a beau jeu de parler désormais de liberté scolaire, dont elle ne devait pas beaucoup s’embarrasser lorsqu’elle était aux affaires.