A propos d’Elles de Malgorzata Szumowska 1 out of 5 stars
Juliette Binoche
A Paris, Anne, une journaliste, enquête sur la prostitution estudiantine et parvient à recueillir les témoignages de deux jeunes filles polonaise et française. Bientôt, sa vie personnelle s’en trouve profondément ébranlée…
Le postulat de départ était pourtant bien. Soit une bourgeoise (Juliette Binoche) proche de la cinquantaine et vivant confortablement installée dans un énorme appartement avec un mari absent (Louis-Do de Lencquesaing), un adolescent en crise et un autre enfant « dépendant » aux jeux vidéo, et qui cherche à comprendre ce qui pousse des jeunes filles à coucher avec des hommes mariés et qui pourraient être leur père.
Au delà des motivations financières, n’éprouvent-elles pas un plaisir inavoué ? Le sujet d’Elles n’est pas tellement la prostitution d’étudiantes, sujet 1000 fois rebattu, mais l’effet que leurs interviews va provoquer chez Anna. Comme un détonateur, la révélation non seulement de la crise de son couple, qu’il n’y plus du tout d’amour entre elle et son mari, mais celle, beaucoup plus intime, de sa propre dépression.
Elles, c’est l’histoire d’une femme seule, dans le fond, et qui réalise que sa misère affective et sexuelle est équivalente si ce n’est plus grande que celle des étudiantes qu’elle interviewe.
On avait là un sujet magnifique, magnifique comme son actrice principale, Juliette Binoche. Mais la mise en scène n’est pas à la hauteur. Sur un ton très documentaire, où pointent une ironie et un humour qui constituent ses principales qualités, Elles empile les clichés (le jeune de Villiers-le-Bel au début, le fils « rebelle » d’Anne). Les scènes s’enchainent de manière rigide et mécanique, à tel point qu’au bout d’une heure, on a l’impression de n’avoir assisté qu’à une succession un peu froide de confidences, face à la caméra, de jeunes filles et de scènes de sexe entre elles et leurs clients.
Dommage que le film n’aille pas plus loin dans la description psychologique d’Anne, mais se contente de brosser superficiellement le portrait de cette femme en pleine crise et seule. Beethoven ne peut pas toujours tout sauver, surtout quand la mise en scène est aussi indigente.
Mais que serait Elles sans la lumineuse Juliette Binoche ? Elle porte le film de bout en bout avec une énergie qui ne faiblit pas et alors même qu’on se demande si Malgorzata Szumowska a une quelconque idée, à un moment donné, de où elle va véritablement…
Au bout de plus d’une heure de film, lors d’une scène de dispute mémorable et à couteaux tirés entre Anne et son mari dans la cuisine, on arrive enfin à une émotion et à sentir une certaine tension dans la mise en scène.
C’est à ce moment là que la réalisatrice Malgorzata Szumowska choisit de commencer vraiment le portrait d’Anne. A quinze minutes de la fin…
http://www.youtube.com/watch?v=pEJrUep_j8U
Film franco-polono-allemand de Malgoska Szumowska avec Juliette Binoche, Anaïs Demoustier, Joanna Kulig, Louis-Do de Lencquesaing (01 h 36).
Scénario de Tine Byrckel et Malgorzata Szumowska : 1 out of 5 stars
Mise en scène : 1 out of 5 stars
Acteurs : 4 out of 5 stars
Dialogues : 2 out of 5 stars