Le petit chaperon jaune, blanc, vert, par la Compagnie La Madone des Sleepings

Publié le 02 février 2012 par Onarretetout

Un théâtre de papier, c’est comme un livre qui parlerait, comme des images qui se succéderaient, comme un théâtre dans une boite. Ici, tout est blanc pour commencer : la boite, la table sur laquelle elle est posée, et même le costume de la comédienne qui entre en scène et fait surgir la couleur : des oranges, des citrons, et plus tard, bien plus tard, du persil… Trois histoires se succèdent : le petit chaperon est d’abord jaune, accompagné par des canaris, blanc dans la neige qui recouvre tout, puis vert, enfin, dans la forêt, accompagné de sa grenouille préférée. Le loup, lui, ne change pas de couleur ; peut-être passe-t-il du gris au noir du premier au dernier conte ; dans le deuxième, tout est couvert de neige, on ne le voit donc pas, mais on l’entend. La menace est donc là, comme dans le conte de Perrault. Et la Compagnie de la Madone des Sleepings n’en est pas à son coup d’essai. Ici, le récit se transforme suffisamment pour qu’on en reconnaisse le conte d’origine mais assez également pour que la petite fille ait un comportement plus proche de nous. L’ordre des histoires nous fait ainsi entrer dans une histoire de ville et de circulation automobile, puis dans une page blanche, un peu abstraite, qui nous fera goûter la symbolique de la dernière, et le persil si on veut bien. A propos d’un précédent spectacle (Le loup et moi, par la Compagnie Les Globe-Trottoirs), j’écrivais : chacun de nous est tour à tour fillette et loup. Ici, le jeu de la comédienne nous fait passer par tous les stades : tour à tour raconteur, spectateur, fillette, oiseau, grenouille et loup. Des personnages que la peur ne paralyse pas, une enfant (et tous les animaux qui l’entourent et toute son imagination) qui fait ce qu’elle a à faire avec détermination, un loup qui pourrait nous faire perdre l’équilibre mais que l’histoire nous aide à affronter. Et tout cela avec des couleurs qui s’étalent sur le sol comme si raconter une histoire, c’était aussi dessiner et peindre.

Ce spectacle, que j'ai vu à Morsang-sur-Orge (91) dans le cadre du festival Mots divers, est la mise en scène de trois livres de Bruno Munari dont voici les couvertures.