Les Lumières et l’identité de l’Europe

Publié le 02 février 2012 par Christophefaurie
« Ce sont les lumières qui sont à l’origine de l’Europe » dit Tzvetan Todorov (L’esprit des Lumières, Le Livre de Poche, 2006). L’Europe serait une image agrandie des États grecs antiques. Comme eux, elle est la somme de la diversité farouche de nations en accord sur l’essentiel (« rationalité scientifique, défense de l’État de droit et des droits de l’homme ») : « leur pluralité crée un espace de liberté. Hume découvre, en effet, qu’elle favorise l’esprit critique, étouffé, au contraire, par l’unité ».
Paradoxe ? Non, simple conséquence de la cohabitation entre les deux piliers de la pensée des Lumières : toute puissance du peuple, et liberté de l’individu.
Voici comment comment on les réconcilie : si l’on fait l’effort de se mettre à la place de l’autre, on peut concevoir un « point de vue qui tienne compte de la différence entre l’un et l’autre ». Ce qui est la « volonté générale ».
En fait, l’histoire des Lumières serait, justement, celle de cette réconciliation : « Les lumières sont une époque d’aboutissement, de synthèse – et non d’innovation radicale. » « Les lumières absorbent et articulent des opinions qui, dans le passé, étaient en conflit. »
Pas d’innovation ? Les Lumières remplacent le salut, dans l’autre monde, par le bonheur humain, dans celui-ci. L’homme devient fin ultime, et reçoit des droits inaliénables. Quant à sa morale : « L’adhésion de l’humanité valide le choix du bien. »
Comment réussir ce changement, pour parler comme ce blog ?
L’individu doit devenir « autonome ». Développer un esprit critique, et la raison nécessaire pour comprendre dans quoi il s’engage, et, éventuellement, le modifier. Quant à l’État, il doit former ces êtres de raison (importance de l’éducation, libératrice), et faire respecter les lois que dicte cette raison quand elle se combine en volonté générale (en particulier, les relations entre hommes). Et ce sans empiéter sur les sphères privées appartenant aux individus.