[Critique] BOSTON STREETS (What Doesn't Kill You) de Brian Goodman (2008)

Par Celine_diane

D’emblée, on nous le dit : ce film se base sur des faits réels. Pour Brian Goodman, ex-voyou bostonien, choisir la carte de l’intime face à celle du sensationnalisme, est une manière de témoigner de son passé et de son vécu loin du bling bling habituellement associé au genre : son héros (superbe Mark Ruffalo) n’est qu’un homme perdu, torturé, une figure humaine avec des responsabilités (femme et gamins) et des doutes, en marge de l’image idéalisée du gangster. Faut dire, la rue, les petits larcins, la taule, Goodman connaît. Après être passé par la case Toronto, c’est en DTV que sort chez nous Boston Streets (nouvelle traduction fantaisiste du "What doesn’t kill you " originel). Un film jugé peu vendeur, sûrement parce qu’il ose emprunter des chemins nouveaux, à l’heure où les films policiers transforment les petites frappes en monstres de cinéma. Rappel à l’ordre du cinéaste : la réalité est toute autre. Apre, grise, froide. Et le voyou, lui, galère, s’embourbe dans l’échec, finit par perdre l’estime de ses proches.
C’est formellement aussi que le film s’éloigne volontairement de toute action fantasmée : les actes de violences y sont brutaux, moches, peu esthétisés, à l’image d’un montage sec qui ne cherche pas l’esbroufe. La violence comme spectacle ? Non merci, dit Goodman, dans ce film-rédemption aux lenteurs et à la froideur voulues. Ce qui l’intéresse ici, c’est de suivre la descente aux enfers (drogue, prison, ruine) d’un homme conditionné dès son enfance, et qui parvient à s’extirper- par ses choix- de sa condition. C’est un film couillu, non pas parce qu’il déborde d’explosions et de séquences d’action musclées, mais parce qu’il choisit l’émotion, le réalisme, le coeur. "Cela m’a pris 50 ans pour apprendre qu’un homme pouvait pleurer", fait dire Goodman à l’un de ses personnages. C’est simple mais courageux, à l’image du long-métrage tout entier.