Baroud d’honneur contre les poubelles rebelles

Les poubelles risquent d’occuper encore une large place dans l’actualité bordelaise en 2012. Déployé progressivement dans tous les quartiers de la ville, le tri sélectif à domicile (un bac gris et un bac vert par logement) continue de donner des sueurs froides aux techniciens et élus de la CUB et de la mairie de Bordeaux.

Erreurs dans le tri, poubelles laissées sur le trottoir, déchets abandonnés dans des poches à même le sol... S’il a été adopté dans les quartiers résidentiels, ce tri sélectif individuel est toujours un vrai un casse-tête dans l’hypercentre. Malgré les campagnes d’information, les verbalisations, la hausse du nombre des collectes... rien n’y fait. Mi-janvier, le président de la CUB Vincent Feltesse avait commencé à baisser les bras et lancé cet appel à la mairie de Bordeaux : «Si la situation ne s’est pas améliorée d’ici l’été, il faudra en tirer les conclusions et reconnaître que, peut-être, notre idée n’était pas si bonne que ça ». Hier, l’adjoint au maire en charge de la propreté Jean-Louis David a fait le point sur la position de la municipalité et annoncé ce qui ressemble à un plan de la dernière chance pour les bacs individuels en centre-ville.
Carotte et bâton
«Nous devons faire tous les efforts possibles pour faire en sorte que cela marche», a t-il insisté hier, annonçant la création pour trois mois d’une équipe d’intervention qui associe agents de la ville, brigade verte et élus. Charge à elle d’aller  « au devant des concitoyens pour leur apporter l’information et leur rappeler la règle.» Car la ville, comme la CUB, ne tient pas à voir réapparaître les grands bacs collectifs sur les trottoirs. «C’était quand même loin d’être la panacée», rappelle l’adjoint. Mais la situation actuelle est complexe car les problèmes sont multiples. «Nos tableaux nous indiquent une diminution du tri en centre-ville», constate par exemple Jean-Louis David. Le comportement «écocitoyen» des habitants semble s’être altéré et les poubelles se remplissent à nouveau de déchets non triés. Ailleurs, ce sont les bacs qui ne sont pas rentrés et les habitants qui évoquent le manque de place dans leurs couloirs exigus. « En réalité, il y a très peu d’immeubles pour lesquels on ne peut rien faire, répond l’élu. Mais cela demande un certain souci du bien vivre ensemble ». Pour, par exemple, accepter de rentrer et sortir des bacs partagés avec les autres habitants d’un même immeuble. « Apparemment, ça n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît », regrette Jean-Louis David, déplorant le «je m’en foutisme» de quelques uns. « Cela dit, on ne peut pas demander aux habitants d’être civiques si nous ne rendons pas un service meilleur », a t-il également souligné. L’adjoint au maire déplore par exemple le mauvais fonctionnement de certaines bornes enterrées « pas réparées depuis des mois.» Il regrette aussi que la CUB n’ait pu avancer d’avantage sur la question des locaux collectifs en pied d’immeuble, avec accès réglementé : « un seul a été créé en un an et demi, et encore on ne sait même pas comment on va le faire fonctionner ».
Partenaires sur ce dossier mais pas toujours convergents politiquement, CUB et Ville travaillent main dans la main sans toujours retenir leurs coups de pied. Vincent Feltesse et Jean-Louis David se retrouveront en tout cas ce matin dans les rues du centre pour une tournée des pieds d’immeuble et lancer une dernière offensive pour le tri.• SL

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