Aujourd'hui, j'accompagnais mon père pour la 5e semaine en ligne à l'Institue de gériatrie de Montréal. 5 semaines à jongler avec mes congés, à faire des échanges au travail. 5 semaines à quitter ma petite vie pour affronter la tempête ou le verglas, conduire en plein trafic et manquer à mes propres obligations familiales.
Je savais que 2012 serait une année chargée émotivement, que la santé de mon père irait de mal en pire, que concilier le tout me demanderait beaucoup d'énergie et de souplesse, mais je ne pensais pas tomber si vite. Pas que je sois meilleure qu'une autre, peut-être juste trop naïve ou trop fragilisée par d'autres épreuves.
J'avais le sentiment de seulement faire ce que je devais faire. Mais aujourd'hui, alors que mon père a échoué son évaluation sur la route (il n'a plus le droit de conduire, mais le papier officiel arrivera d'ici 6 semaines, donc aucune façon de l'en empêcher), qu'il nous a affirmé qu'il était pour conduire quand même, j'ai craqué.
Le débit de mes larmes était presqu'aussi rapide que celui des chutes Niagara. Mon père était présent, mais nullement affecté et il répétait "je suis très sécuritaire, il n'y a pas de problème, je peux conduire" alors que sa neuro-psychologue était plutôt inquiète. J'ai convenu avec elle que je devais prendre du recul, que je risquais ma propre santé, que j'étais épuisée, etc...
Et ça commence dès demain. Mon père a un examen dans un autre hôpital et je ne l'accompagnerai pas. Je voulais l'annuler, mais pendant tout le long trajet du retour (avec la neige et l'heure pointe), il répétait "pas annuler, pas annuler". Je ne peux pas l'empêcher d'y aller, même s'il n'a plus le droit de conduire.
Dans quelques minutes, j'irai me coucher en espérant trouver le sommeil et être capable de me reposer assez dans les prochaines heures, de lâcher prise et d'éviter ainsi un congé de maladie.
Kleenex, cafés et magazines comme compagnons dans mon kit de survie.