Bon ok, sous la pression populaire, le voilà l'épisode 2...
Je vous ai donc laissés la dernière fois en juin 1998, au moment de ma titularisation à la rubrique foot de L'Equipe. Imaginez un peu ce que cela peut représenter pour un footeux comme moi qui a passé l'essentiel de ses week-ends, la plupart de ses mercredis après-midi puis beaucoup de ses soirées à taper dans un ballon, sur tous les terrains de la Marne et en particulier celui de la Renaissance d'Athis. Me voilà envoyé chaque samedi, et parfois la semaine pour la Ligue des champions, sur les plus grands terrains de France et d'Europe, pour écrire sur des joueurs qui font rêver des milliers de personnes. Me voilà en train de noter des joueurs de Ligue 1, à décider si je vais mettre 6 ou 6,5 à un type. Sur quoi se baser ? Je suis qui moi pour noter un joueur ou écrire qu'un 4-4-2 aurait été plus judicieux qu'un 4-3-2-1 ? Mais bon, c'est le jeu.
Etrange sensation les premières fois où l'on reprend le train ou l'avion le lendemain d'un match et que l'on surprend son voisin en train de lire votre article. On guette les réactions, on guette s'il s'attarde, s'il va jusqu'au bout ou s'il "zappe" au bout de quelques lignes seulement. Grisant tout cela. Si bien que parfois, la tentation de jouer le mec blasé peut vous surprendre au moment où l'on découvre sur le planning un énième déplacement à Sedan. Et c'est là que l'on doit repousser les fameux "p"tits loups" évoqués dans la news précédente. Quand il m'est arrivé de sentir approcher cette tentation, je me suis alors souvenu du petit Pascal qui allait voir le Stade de Reims derrière les grillages de la tribune pesage ou en haut des Meano, au Stade Delaune. Pour le petit Pascal, les Lechantre, Basay, Calderaro étaient des idoles qu'il rêvait d'approcher un jour de plus près. Ce n'était pourtant "que" des joueurs de D2. Le grand Pascal (tout est relatif) n'avait pas le droit de décevoir le petit Pascal. Alors le grand Pascal a veillé à ne jamais oublier qu'il était un privilégié de se retrouver là, sur la pelouse de grands stades, à serrer la main et à taper la discute avec des joueurs et des entraîneurs que beaucoup de gamins, derrière les grillages, rêvaient sans doute eux aussi d'approcher. Voilà ce qui m'a conduit durant trois années à la rubrique foot. Trois années avec quelques "campagnes" menées avec Auxerre en Coupe d'Europe, Sedan lors de sa finale de Coupe de France, Troyes, Montpellier. Des soirées de folie comme lors d'une demi-finale de Coupe de France entre Sedan et Le Mans. Cinq buts dans la prolongation, deux papiers à écrire et la quasi totalité de la page 3 (la plus mise en avant) à écrire dans un délai de dingue. Adrénaline au max. Le pied. Et puis bien sûr la découverte du football féminin, un jour de janvier 2001, un jour où l'on cherchait un papier pour remplir les pages à une période où l'actualité n'était pas très riche. Un bouche-trou qui allait me suivre des années durant. J'ai alors découvert un univers que je ne soupçonnais pas, un esprit surtout proche du mien et bien éloigné de celui du foot pro masculin qui avait déjà commencé à me lasser avec toutes ses "starlettes" qui se prenaient pour des autres. Quelques mois plus tard, j'étais en Allemagne, à Ulm, pour le Championnat d'Europe des BleuEs, puis deux ans plus tard à Washington et Philadelphie pour leur première Coupe du monde. Vint plus tard l'Euro en Angleterre et au total une cinquantaine de matches internationaux avec les filles. Et même un livre sur l'histoire du foot au féminin, "Au bonheur des Filles", publié en 2003 (Prix Lacoste de la Littérature sportive). Et comme toujours des rencontres. Beaucoup de rencontres et de passion partagée avec Marinette, Soso, Elodie bien sûr que j'ai même suivie jusqu'à Francfort, Babeth, Sandrine, Ségo, Charlotte, Gégé, Seb Duret (de footofeminin.fr), THE specialist interplanétaire dont la passion et le dévouement sont pour moi sans équivalent. Des grands souvenirs avec en point d'orgue le match France - Angleterre disputé à Geoffroy-Guichard, le chaudron de Saint-Etienne, match retour de barrage pour la Coupe du monde. 26 000 personnes pour une victoire 1-0 synonyme de qualification. Inoubliable. Des pleurs et des pleurs au coup de sifflet final. Fort. Très fort.Entre temps, j'avais demandé à quitter la rubrique foot pour partir au Groupe olympique. Un choix étonnant pour beaucoup tant la rubrique foot représente le coeur du journal. Mais voilà, je préférais aller rencontrer des sportifs qui m'apprenaient plein de choses que de passer ma vie à côtoyer des footeux. Voilà comment j'ai découvert mes "petits sports".
Le tennis de table fut le premier avec la rencontre d'un grand Monsieur du sport français, Jean-Philippe Gatien (champion du monde 1993, vice-champion olympique 1992). Des grands entraîneurs également comme Michel Blondel, Patrick Birocheau etc., et le plus grand attaché de presse de la planète voire de la galaxie, Cousin Hub (Hubert Guerriaud). Un grand événement enfin avec les Mondiaux 2003 à Bercy avec un POPB entré en fusion à plusieurs reprises (93% de taux de remplissage sur une semaine). Des grands sportifs mais surtout des grands hommes. Une constante d'ailleurs pour la plupart des disciplines que j'ai ensuite découvertes.Le squash avec Thierry Lincou, Greg Gaultier, Renan Lavigne et bien sûr Isabelle Stoehr, compagne de déjeuner du côté de Hong Kong pour un Mondial. Le badminton de Hongyan Pi, le bobsleigh de Bruno Mingeon, les disciplines nordiques lors des années où j'ai suivi le ski de fond, le biathlon (époque Poirée), le combiné nordique avec la naissance du phénomène Jason Lamy-Chappuis, là-haut, au nord du cercle polaire, à Gallivare ou Kuusamo avec la nuit qui tombe à 13 heures, ou lors des Mondiaux en République tchèque, à Liberec, l'un des pires déplacements de ma vie.
Comment ne pas mettre en exergue les Championnats du monde de ski de fond à Oberstdorf en 2005 et la victoire de Vincent Vittoz, premier Français champion du monde lors de la poursuite au bout d'une dernière ligne droite dont j'ai encore les images en tête. Là encore, des flots de larmes, partagées cette fois dans la zone d'arrivée avec Anne-Christine, attachée de presse de Rossignol. Un an après des premières larmes et une Marseillaise lancée a capella dans le ciel de La Clusaz, lors du succès du relais tricolore, le premier de l'histoire du ski de fond. Moment prvilégié d'être là ce jour-là et d'avoir l'honneur (oui oui l'honneur) de relater cet instant, de le partager avec les lecteurs du journal, avec pour seule ambition de transmettre un maximum d'émotions. Comment ne pas évoquer la Tournée des Quatre Tremplins en saut à skis avec ses 20 000 personnes tous les jours au pied des tremplins d'Oberstdorf, Garmish, Innsbruck ou Bischofshoffen. En vrac, il y eut aussi le pentathlon moderne avec Axelle Guiguet puis Amélie Cazé, notre triple championne du monde découverte lors de championnats du monde à Moscou, le ski freestyle de deux chouchoutes, Ophélie David et Meryll Boulangeat, etc. Et un beau jour... le hockey sur gazon. Une carte postale envoyée d'Afrique du Sud allait changer beaucoup de choses. A l'initiative d'une certaine Peggy Bergère (qui allait bien sûr devenir Mamzelle Peg), les joueuses de l'équipe de France me remerciaient du suivi de leur périple. Début de la belle histoire. Quelques mois plus tard, un papier allait contribuer à changer le cours des choses. Suite à la décision de la fédé de ne pas envoyer les Bleues en Italie pour le tournoi de qualif Coupe du monde sous prétexte qu'elles n'avaient aucune chance et que cela ferait des économies, je commettais un petit papier titré "Les Bleues sacrifiées". A peine 2000 signes, avec autant de lignes pour le DTN de l'époque que pour les joueuses. Aucun parti pris dans mes propos. Enfin en théorie... Car en plaçant l'indignation des filles en conclusion, le papier était articulé de telle sorte qu'il fasse réagir. Le même papier avec les propos du DTN à la fin aurait donné une toute autre impression. Ce n'était évidemment pas innocent. Devant les réactions suscitées par le papier mais surtout par le combat des filles derrière Peg et Muriel Lazennec, les Bleues ont finalement été envoyées en Italie. Elles y ont réalisé de grosses performances, échouant juste à un match d'une historique qualification. Heureux et fier d'avoir pu contribuer à mon petit niveau à l'aventure des Blue Belle Girls (AOC made in pgb). Aventure aux multiples conséquences d'ailleurs, y compris personnelles, mais c'est un autre sujet... La preuve aussi de la puissance de L'Equipe, notamment pour les sports habituellement peu médiatisés. Un facteur à ne jamais minimiser ou oublier car quelques mots peuvent faire beaucoup de mal. Se faire plaisir avec un bon mot est facile, mais ne jamais oublier l'impact possible de ces mots, impact amplifié par l'importance d'un média comme L'Equipe. Ces années-là (copyright Claude François), ce fut aussi la découverte du triathlon. Un premier reportage lors du triathlon de Nice 2002 où Cyrille Neveu fut sacré champion du monde. Et moi qui sur la ligne d'arrivée raconte aux mecs de l'équipe de France, que leur truc là, je le ferai l'année suivante. Plus moyen de me débiner. Et un an plus tard, je finissais le Triathlon de Nice longue distance (version FFTRI avec 4km de nat, 120 de vélo et 30 à pied). Le triathlon en plus de m'occuper professionnellement (reportages à Ibiza, Madère, Lausanne pour les Mondiaux etc.) était entré dans ma vie. Il n'en est toujours pas sorti avec là encore de sacrées rencontres. Marion Lorblanchet of course (and her family), super chouchoute du blog, Frank Bignet, Gilles Reboul, Xavier Le Floch, Rodolphe Retrain, Nathalie Daumas, Delphine Py (and her family) et plein d'autres (impossible de tous vous citer, merci de ne pas m'en vouloir..). Des champions, des journalistes, des animateurs (Pierre Cessio, Speak Oliv, Stéphane...), des attachées de presse (Céline, Fabienne, Isabelle), des dirigeants (Pascal), etc. Un "petit sport" à part dans mes 20 ans de carte de presse.Et puis évidemment, il y eut les Jeux olympiques. Athènes en 2004 et Pékin en 2008. Mais ça, ce sera dans l'épisode 3...
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