Magazine Culture
Nouveau terrain d’entente dans le cadre de mes collaborations avec l’accro au dvd. Je pense que le choix que nous avons porté sur Ascenseur pour l’échafaud comble les deux parties. D’un coté nous avons le film, un classique français qui date de 1958. Pour ceux qui suivent le blog de l’accro, ce dernier avait formulé dans ses vœux le souhait de découvrir les vieux films. Je crois que cette production est une belle opportunité et vous ne manquerez pas de lire son point de vue par ici. De l’autre coté nous avons la musique, réalisée par Miles Davis.
Je ne compte pas faire la biographie de Miles, je n’en ai pas la prétention. J’ai juste envie de partager avec vous des souvenirs (car ce nom m’en évoque de beaux) et des impressions.
Miles Davis, ça m’évoque le jazz (c’est déjà bien mais facile je vous l’accorde). Le jazz est un de mes péchés mignons, jamais évoqué dans ces colonnes et pourtant il tient une grande place dans mon amour pour la musique. Je lui ai consacré au même titre que Frank Zappa mes années de faculté (c’est peut-être plus ou moins lié d’ailleurs).
Miles Davis je l’ai découvert encore plus tôt, entre deux heures de cours au lycée. Sagement reclus au cœur du cdi de cet établissement, je profitais des éléments hifi mis à disposition pour écouter les quelques disques du catalogue. Parmi eux il y avait Doo Bop, le dernier album de la carrière du trompettiste. J’ai commencé par la fin donc et c’est loin d’être le meilleur mais je l’aime ce disque car il est à l’image de Miles, un artiste en perpétuel mouvement. Un artiste qui suivait son époque. Doo Bop mélange le jazz et le rap. Inachevé ce disque l’a été dans tous les sens du terme mais il a tout de même le dont de faire ressentir ce que souhaitait Miles Davis : le bruit de la ville.
Comme je le disais, Miles Davis est un artiste qui a su se renouveler et évoluer avec le temps. Débutant par le be bop, il a expérimenté le jazz rock, le funk,… Et puis comme Frank Zappa (quelle coïncidence !), c’est un artiste qui jouait pour les autres, qui faisait évoluer et connaître les autres musiciens. La liste de ceux qui l’ont côtoyé est longue et prestigieuse : John Coltrane, John McLaughlin, Joe Zawinul, Kenny Garrett, John Scofield, Mike Stern, Marcus Miller (j’en passe bien sûr et pas des moindres !).Enfin le dernier point qui me touche chez cet artiste c’est sa conception de la musique. Miles magnifiait la musique, les notes. Il disait lui-même qu’il ne servait à rien de jouer quantité de notes comme le font justement (ou injustement) la plupart des musiciens de jazz mais de jouer « la » note. Peut-être est-ce la fameuse note bleue.
On ressent cette façon d’employer la « juste » note sur la bande son d’Ascenseur pour l’échafaud. Une bande son montée de toute pièce pour le film. Miles a débarqué à Paris et a enregistré avec Kenny Clarke, installé depuis peu dans la capitale, à la batterie et trois musiciens français, René Urtreger (piano), Barney Wilen (Saxophone ténor) et Pierre Michelot (contrebasse). Il a même pris le temps de faire chavirer la jeune et belle Jeanne Moreau, enfin ça c’est pour la légende. Une bande son qui met bien en valeur la tension de Florence, qui croit être abandonnée par son amant et de Julien, sur lequel son propre piège s’est refermé. En parallèle il y a la folie du jeune couple formé par Véronique et Louis qui brave l’interdit. Miles Davis a bien cerné les situations avec des mélodies lentes et profondes pour le couple Jeanne Moreau-Maurice Ronet tandis que la trompette s’emballe sur la cavale des jeunes tourtereaux. La musique n’a jamais été aussi essentielle que dans ce film. Une musique noire et blanche pour un film noir et blanc.
Extrait : Nuit sur les Champs-Elysées (Take 1)