On parle dans tous les médias, de la fameuse nouvelle "Enquête sur la sexualité en France" de deux sociologues Nathalie Bajos et Michel Bozon. J'ai donc feuilleté le Nouvel Obs de cette semaine qui en fait sa Une. Bon, rien de très nouveau dans la vie très privée des Français et le grand bazar de l'érotisme.
Je retiens juste de ce dossier que la libération sexuelle inaugurée par Mai 1968 est devenue "une injonction" qui condamne à la performance, à la honte de l'impuissance et veut programmer à tout prix la jouissance; je retiens juste que notre société et les médias banalisent et désacralisent le sexe, pour en faire "une simple marchandise, "markettée", chosifiée, adaptée à chaque clientèle".
Et surtout, je retiens la petite comète du discours de Alain Finkielkraut dans ce dossier fourre-tout et tape à l'oeil, qui il y a trente ans, dans son "Nouveau désordre amoureux" (avec Pascal Bruckner) voulut "soustraire l'amour à l'emprise du discours de la libération sexuelle" pour faire du désir amoureux "l'experience d'une sujetion merveilleuse".
En effet, à l'époque, il dénonçait cet impératif à jouir tout aussi coercitif, pour revaloriser le sentiment amoureux et "réintroduire le personnage de l'aimé". Avec Roland Barthes (Fragments d'un discours amoureux), il critiqua cette grande illusion et revendiqua le sentiment comme plus révolutionnaire que le désir sexuel.
J'avais relu ce livre il y a quelque temps et j'avais été éblouie par sa vision encore très actuelle sur la sexualité. Car finalement celle-ci n'était-elle pas - avec la grande épicerie des sextoys, les injonctions des magazines féminins, la machine de guerre médiatique, le grand cinéma pornographique d'Internet etc. - encore l'objet d'un discours plus que normatif et de culpabilisations perverses? Il faut être libéré, avoir son bon godemichet tout rose et surtout son orgasme! Le graal du sexe (et pourtant Dieu sait s'il est un Eden) est devenu une dictature. On propose une sexualité clef en main, du coup elle en devient anxieuse! (Suis-je un bon amant? Est-ce que j'ai bien joui? )
Alors au risque de passer pour rétrograde (et je m'en fiche), je savoure les mots de Finkielkraut qui s'il devait donner une suite à son Desordre amoureux, commencerait pas "une éloge érotique de la pudeur". "Celle-ci n'est pas seulement une contrainte archaique, la trace d'un préjugé bourgeois, je la vois comme un attribut ontologie de la femme". Ah! S'il pouvait l'écrire!
Car non, le sentiment n'est pas obscène, oui, le sexe est une célébration, oui il faut créer des Autels à la gloire d'Eros dans les chambres d'amour, oui il faut redécouvrir le Merveilleux de l'Amour, sa Transfiguration et son Mystère. Oui, au secret, oui à l'intime, oui à la pudeur! Oui, oui, oui!
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 juin à 18:47
Pour ton information, on dit UN éloge, et non pas une. Une faute dès le titre c'est pas super, au plaisir.