Dans cet article, intitulé Le dilemme français, Eric Branca nous explique comment la venue au pouvoir de Valéry Giscard d'Estaing rompit avec la traditionnelle politique étrangère de la France.
Jusqu'alors la politique étrangère de l'Etat français, entité historique, était dictée par la défense de ses intérêts vitaux. C'était la conception du général de Gaulle. Désormais il est comme les autres Etats, qui ne sont que "des pions sur l'échiquier d'une démocratie mondiale où tout se décide par le vote" :
"L'apparente résignation du nouveau pouvoir à laisser la France glisser du statut de sujet à celui d'objet de la vie internationale n'est pas le fruit du hasard."
Elle masque un dessein à peine dissimulé. Giscard d'Estaing, qui est un homme de Jean Monnet, veut réaliser le programme de ce dernier : réaliser la "fusion progressive des nations européennes en un Etat fédéral expérimental, prodrome d'un gouvernement mondial".
Sous son septennat sera créé le Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, sera décidée, en 1977, l'élection du Parlement européen au suffrage universel et, en 1979, sera créé le Système monétaire européen "matrice d'où sortira, avec le traité de Maastricht (1992), l'instauration d'une monnaie unique européenne, le 1er janvier 1999".
Avec ce traité contre lequel j'ai eu l'honneur de voter, la souveraineté des Etats européens d'absolu devient relative : le droit externe édicté par des organes non élus prévaut dès lors sur les lois nationales votées par des parlements élus, ce de manière définitive. Petit à petit les Etats seront dessaisis de leurs prérogatives.
La monnaie unique va être le moyen prémédité d'aller encore plus loin en privant les Etats de leur liberté budgétaire et en "imposant les mêmes obligations à des zones au développement divergent" :
"Ainsi est-on parvenu au résultat de "l'effet d'engrenage" (ou spill over effect) vanté par Jean Monnet au moment de l'entrée en vigueur de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (Ceca), en 1952 : un transfert en douceur des compétences traditionnellement régaliennes vers des organismes techniques échappant aux "aléas" - comprendre : à la volonté des peuples."
Eric Branca cite Jacques Delors, alors président de la Commission de Bruxelles, qui déclarait le 30 novembre 1989 lors d'un colloque du Center for European Studies de Boston:
"Le secret de la construction européenne est celui d'une dialectique entre la force des engagements fondamentaux et le développement spontané de ses multiples effets d'engrenage..."
Il cite également l'ineffable Jacques Attali qui confiait le 11 août 2011 à la revue sur Internet du Council on Foreign Relations (CFR):
"Lorsque nous avons créé le marché unique, en 1984, nous savions que le marché unique ne pourrait pas fonctionner sans une monnaie unique, et nous avons créé une monnaie unique. Et lorsque nous avons créé cette monnaie unique, nous savions que la monnaie unique ne pourrait pas survivre sans un budget fédéral."
Ce n'était qu'une première étape vers le mondialisme. Ce jour-là Jacques Attali concluait d'ailleurs, toujours cité par Eric Branca:
"Nous sommes en train de voir apparaître un marché mondial sans un Etat de droit mondial. Nous avons donc besoin d'une primauté globale du droit [...] et d'un nouveau système international où la charge de la réserve de monnaie mondiale serait répartie entre les Etats-Unis, le Japon, la Chine et l'Europe."
La création de l'euro était donc bien un piège et ... l'adopter mettre le doigt dans un engrenage conduisant à un nouvel ordre mondial sans avoir à donner la parole aux peuples. Le pacte budgétaire décidé par le sommet européen de lundi dernier, 30 janvier 2012, en est une nouvelle illustration et une nouvelle étape.
Francis Richard