Il y a quelques mois, j’ai découvert une adaptation de Dorian Gray par Corominas, en bande dessinée. J’ai tout de suite été charmée par l’atmosphère qui s’en dégageait rien qu’en la feuilletant. Pour mieux savourer ma découverte, j’ai eu envie de relire le roman d’Oscar Wilde (esprit comparatiste quand tu nous tiens ! ).
Dorian Gray est un jeune homme aussi beau qu’un idéal. Un peintre décide un jour de faire son portrait. Dorian Gray, une fois le tableau achevé tombe amoureux de sa propre image et refuse que la toile soit vendue. Il fait alors un voeu singulier : “Je vais devenir vieux, horrible, alors que ce tableau restera jeune à jamais. Si seulement cela pouvait être le contraire, que je sois jeune pour toujours et que le tableau vieillisse ! Je donnerais tout pour cela ! Jusqu’à mon âme !”
Réécriture du mythe de Narcisse, l’histoire bascule alors dans une longue descente aux enfers pour le personnage principal mais aussi pour son entourage.
Amoureux d’une jeune actrice de théâtre, Dorian décide de l’épouser… mais tout bascule le soir où il comprend que Sibyl ne pourra plus être une bonne actrice car elle est heureuse. Anéantie par la cruauté des propos de Dorian, Sibyl met fin à ses jours.
Quelques temps après, Dorian a l’impression que son expression sur le tableau a changé. Son visage semble refléter une certaine cruauté. Le récit bascule ensuite dans un certain fantastique : à chaque péché de Dorian, le tableau se modifie et reflète de plus en plus le mal.
Dorian, archétype du dandy, se lance à corps perdu dans la débauche jusqu’à commettre l’irréparable. Il place sa vie entière sous l’égide d’un livre mystérieux dans lequel le personnage avait décidé de mettre en pratique les passions et les pensées des siècles précédents. Il s’agit en réalité du livre A rebours de J.K.Huysmans. La version de Corominas comporte plusieurs clins d’oeil à ce livre : le maison de Dorian porte le nom de Des Esseintes, personnage de Huysmans.
La bande dessinée est assez fidèle au texte original à part quelques modifications nécessaires à la mise en images. Des citations du texte d’Oscar Wilde sont présentes dans la BD et apparaissent dans une police différente.
Corominas explique d’ailleurs ses choix dans un appendice. “Les changements les plus radicaux par rapport au roman ont toujours été faits dans le but de souligner ses concepts fondamentaux d’une manière visuelle et iconique.”
L’importance des couleurs est capitale : au fil des 5 actes (la BD étant construite sur le modèle d’un opéra), les teintes se modifient pour traduire le changement moral de Dorian.
Les dessins fourmillent de détails… C’est un véritable plaisir visuel que de lire cette version !
A découvrir !
COROMINAS, Dorian Gray, Daniel MAGHEN
Oscar WILDE, Dorian Gray