Détendons-nous, parlons cinéma.
Je ne nourris aucune passion dévorante pour le cinéma (contrairement à ce que laisserait imaginer ce blog), j’apprécie juste cette possibilité d’évasion temporaire qui m’est offerte (moyennant quelques subsides si difficilement acquis). J’aime décider d’une sortie au dernier moment et le cinéma se prête parfaitement à ce mode de fonctionnement. Ses horaires si figés, sa programmation si prévisible en rendent l’accès d’autant plus facile.
Et puis, une salle de projection est un peu malgré tout une zone de relation sociale. J’y apprends à surmonter mon aversion pour les bruits de bouche (je milite activement pour l’arrêt du popcorn et autres merdes comestibles dans les cinémas), ma haine de celles et ceux qui gloussent durant la moitié du film (si empressés de nous démontrer que faire deux choses en même temps est possible) et des autres qui, par instinct de survie sans doute viennent inexorablement s’assoir à mes côtés alors que la salle est vide (le groupe est vital pour l’homme ou bien est-ce autre chose). Bref, j’aime le cinéma.
J’ai toujours trouvé dommage qu’on y serve pas un apéro post film. Un de ces moments conviviaux au-cours duquel nous pourrions échanger à propos de ce film que nous viendrions de voir ensemble (mais séparément, merci à celui qui a inventé les accoudoirs). Il y aurait débat, agacement, quelques baffes partiraient et nous trinquerions à la santé des Majors. Une sorte de troisième mi-temps de velours.
Finalement, je fais comme tout le monde. Je vais au cinéma seul la plupart du temps et toujours le soir. Non pas que mon planning de journée soit surchargé mais j’ai du mal à me plonger dans un scénario tant que la nuit n’est pas tombé, sans doute un reste d’éducation vampirique. Une fois le prix de mon billet acquitté, je ne me sens plus redevable et attend donc de mon projectionniste qu’il me propose immédiatement le pourquoi de ma venue. Ce n’est plus comme ça que les choses se passent.
Petit, j’observait d’un oeil distrait les quelques publicités qui précédaient déjà le film. Elles étaient assez peu nombreuses (une pour les glaces (vendues par l’étudiante sous-payée qui parcourait les rangées avec son panier en osier autour du cou) et une pour la boucherie du centre-ville (un grand amateur de cinéma ce boucher, il avait vu cinquante fois la grande vadrouille), le tout clot par le petit bonhomme de Jean Mineur (qui balance son piolet sur la cible devant les regards emplis d’incompréhension de l’auditoire).
Depuis quelques années, nous avons tous compris qu’il était inutile d’arriver à l’heure à la séance, un bon quart d’heure en retard permet de ne subir que le résidu des publicités. L’industrie du cinéma a cerné notre parade et ne se laissera donc pas faire. Il est impératif que nous bouffions de la publicité alors on va nous la servir à domicile.
Conscients que les trailers sont de formidables outils de promotion et de communication, les marketeux de Sony ont donc utilisé ce support bien au-delà de ce qui avait été fait auparavant. Il y a, comme depuis un moment maintenant, la page de pub avant trailer mais cette fois, elle occupe un tiers du temps global et est parfaitement insérée dans le film grâce à une reprise du slogan par Milla herself en début d’action.
Aucun échappatoire.
Je sais bien que le cinéma est un commerce répondant aux lois de rentabilité et que l’histoire contée a aujourd’hui bien moins d’importance que l’emballage dans lequel elle m’est présentée. Malgré tout, je trouve la nouvelle invention de Sony particulièrement intrusive (et moi j’aime pas trop qu’on s’introduise de force).
Le nombre d’entrées de par le monde ne s’est jamais si bien porté que ces dernières années et les Majors avec. Je ne sais pas si la fermeture du site Megaupload aura une quelconque conséquence sur leur chiffre d’affaires mais ce qui est certain c’est que ces grands commerçants ont d’ores et déjà initié le gagner plus à peu de frais.
En utilisant de façon outrancière le trailer qui, faut-il le rappeler, est un outil publicitaire servant à promouvoir un film, pour fourguer un peu plus de pub, ils ont repoussé les limites de ce que nous percevions tous déjà avec la 3D : cette désagréable sensation d’être des vaches à lait (et des vaches au ciné c’est relou parce que ça fait plein de bruit avec le popcorn, ça prend blinde de place et ça pète).
Sony fait donc coup triple (mieux donc que le coup double mais moins bien que le quadruple lutz piqué en direct de Nagano quand même) avec Resident Evil Retribution : de la pub à gaver dans le trailer, une sortie en 3D et, comble du « je te prends pour ce que tu es », le choix de nom : RETRIBUTION …
Y a pas à dire, ils sont forts ces ricains et moi, je vais quand même consommer parce que j’aime le cinéma.