La candidate d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) a recentré son discours sur la protection de l’environnement en déclarant la guerre à l’obsolescence programmée, antinomique du développement durable. Voeu pieux ?
Eva Joly se bat-elle contre des moulins à vent ? « Stationnaire » dans les sondages, l’ex-magistrate compte-t-elle sur ce cheval de bataille pour relancer une candidature largement délaissée par les médias, qui à gauche ne semblent plus avoir d’yeux que pour François Hollande ? Pris pour cible par la « cellule riposte » de l’UMP avant même la publication officielle de son programme, lequel n’est pas tenable sur le plan économique aux dires des « porte-flingues » de la majorité, le candidat socialiste a aussi été égratigné par la dame aux lunettes rouges, visiblement très déterminée à ne pas le ménager et qui n’a pas digéré les événements ayant fait suite à la signature de l’accord PS-EELV : « On a fait tourner les modèles de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques), on a utilisé les experts de l’OFCE et ils ont complètement validé notre projet […] Mon programme est crédible, je vous le dis et je vous le prouve. Vous demanderez le même exercice à M. Hollande ».
La relance du pouvoir d’achat passe en partie aux yeux de l’ancienne juge d’instruction par une lutte sans merci contre l’obsolescence programmée, qui est le fait de constructeurs réduisant délibérément la durée de vie ou d’utilisation d’un produit pour inciter à la consommation. De cette pratique devenue la norme dans un grand nombre de secteurs résulte aussi une accumulation de rebuts, des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) notamment, et un gaspillage des matières premières inacceptables au regard du contexte environnemental actuel.
« Les machines à laver tombent en panne et doivent être changées au bout de trois ou quatre années alors qu’elles peuvent en réalité marcher trente ans »
La candidate écologiste – qui prône la « conversion écologique de l’économie » et table en outre sur une baisse des émissions nationales de CO2 de 30 % à l’horizon 2020 – a donc trois bonnes raisons de s’y attaquer. « Aujourd’hui, l’obsolescence des appareils est programmée, les machines à laver tombent en panne et doivent être changées au bout de trois ou quatre années alors qu’elles peuvent en réalité marcher trente ans », déplore-t-elle. Et d’accentuer la pression sur les fabricants en se prononçant pour un recours à « la voie législative afin d’obliger les constructeurs à produire des machines qui ont une durée plus longue ». « Cela a une incidence directe sur le portefeuille », estime Mme Joly, qui pourrait toutefois être attaquée sur les répercussions économiques d’une telle mise au pas. Car si le budget des ménages se trouverait allégé par un durcissement des textes, celui-ci pourrait en effet avoir d’importantes conséquences sur les usines et par extension sur l’emploi, quand bien même, entre autres exemples, on ne produit plus de télévisions sur le Vieux Continent et pléthore de produits sont aujourd’hui assemblés en Chine.
À quelques jours de la publication des résultats de l’audit de la Cour des Comptes sur la filière nucléaire, et alors que M. Hollande a revu ses engagements atomiques à la baisse en ne se prononçant « que » pour une fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la dame aux lunettes rouges a par ailleurs maintenu sa position sur le nucléaire. « C’est plus cher d’y rester que d’en sortir », a-t-elle affirmé, avançant le chiffre de quatre cent soixante-dix-sept milliards d’euros en cas de statu quo, soit cinquante-sept de plus qu’en cas d’abandon de l’atome. L’écart reste à être confirmé.
Crédits photos : flickr – jim212jim / EvaJoly2012Eva Joly veut lutter contre l’obsolescence programmée | zegreenweb.