La philosophie comme opéra

Publié le 01 février 2012 par Cdsonline

« Le style en philosophie est tendu vers ces trois pôles, le concept ou de nouvelles manières de penser, le percept ou de nouvelles manières de voir et d’entendre, l’affect ou de nouvelles manières d’éprouver. C’est la trinité philosophique, la philosophie comme opéra: il faut les trois pour faire le mouvement. » Gilles Deleuze

En prenant Deleuze à la lettre, "la philosophie comme opéra", permet d'articuler trois plans distincts:
• la scène (un lieu particulier)
• l'émotion (fonction de notre sensibilité)
• le sens (qui se donne à interpréter)

Dans une phénoménologie de l'expérience, le processus se rencontrerait plutôt dans cet ordre :
1 - l'émotion, à la suite de laquelle se crée
2 - un dédoublement de la scène (scène extérieure qui se donne à voir et à entendre — scène intérieure où "des choses se passent", témoignages de mon émotion)
3 - l'expérience dans son ensemble restant à interpréter.

Nous avons donc, pour reprendre les termes deleuziens, articulés dans un ordre différent
1 - le percept (ou de nouvelles manières de voir et d'entendre)
2 - l'affect (ou de nouvelles manières d'éprouver)
3 - le concept (ou de nouvelles manières de penser)

La temporalité en jeu dans la séquence 1, 2, 3 n'est pas celle d'une pure linéarité chronologique ; l'expérience étant un processus de subjectivation, mettant en scène un sujet et son dédoublement (clivage), la temporalité en jeu ici est bien entendu celle d'une performativité rétroactive, où le nécessaire surgit du contingent, la temporalité propre au signifiant.

Ne nous trouvons-nous pas alors en présence d'une autre "trinité", celle de la cure chez Lacan, avec son Instant de voir (Imaginaire), son Moment de conclure (Réel) et son Temps de comprendre (symbolique) ?