Norma Mendoza a été distinguée pour sa chicha parmi les dix derniers finalistes. Des centaines de Chiliens ont proposé leurs productions dans tout le pays (photos Anthony Quindroit)
Moins connue à l’étranger que le pisco – dont les Péruviens revendiquent aussi la paternité – la chicha est l’autre boisson nationale au Chili. En septembre, elle est même incontournable. Les ventes de la chicha, une préparation issue de la prémière fermentation du raisin, explose au monte de la fête nationale. A ne pas confondre avec la chicha péruvienne à base de maïs fermenté, la chicha chilienne peut aussi être réalisée à base de pommes. Boisson emblématique, le 18 septembre, lors des fiestas patrias, la tradition veut que le président (ou la présidente d’ailleurs) savoure un verre de chicha traditionnelle pour célébrer l’indépendance du pays.
Cette boisson fait partie du patrimoine national chilien. Et elle a désormais sa digne représentante. Norma Mendoza de Melipilla a reçu successivement le premier prix régional et le premier prix national de la meilleure chicha. Le concours existait déjà au niveau des régions mais il s’agit de la première distinction nationale. Et ce mardi 31 janvier 2012, un représentant du ministre chilien de l’Agriculture est venu apporter son prix à Norma Mendoza. Plus un symbole qu’autre chose : il ne s’agit que d’un simple diplôme, offert au cours d’une petite réception que Norma Mendoza a dû elle-même organisé. Le diplôme, elle devra même se charger de le faire encadrer… Côté valorisation du savoir-faire on repassera. Jean-Pierre Pernaut enragerait.
Il n’empêche que ce prix – symbolique donc – salue “le respect des traditions et d’un savoir-faire ancestral. Celui du vrai Chili que l’on trouve dans les campagnes”, vante Patricio Fuenzalida Ramírez, représentant le ministère dans la région Métropolitaine. En aparté, il développe l’objectif d’un tel prix : valoriser la culture chilienne pour donner des repères aux touristes :
- “Cela fait partie d’une valorisation du patrimoine chilien. Des chichas, il y en a beaucoup, partout. Mais c’est important et valorisant que ce prix revienne à une personne qui perpétue un savoir-faire familial et non à une entreprise qui dispose de plus gros moyens. La campagne chilienne a des richesses qu’il faut mettre en avant. C’est pour cela que nous travaillons sur différents projets qui sont autant de repères pour les touristes. Nous venons par exemple de lancer une route des fromages. Ce ne sont que les débuts, mais elle a le mérite d’exister.”
La brève remise de prix a déplacé la télévision. Une pub gratuite pour la ville
Evidemment, sans tomber dans le chauvinisme de base, la carte des fromages chilienne est moins riche que la française. Mais elle montre l’ambition du Chili : attirer des touristes pour des séjours plus longs et pas seulement dans le cadre d’un périple en Amérique du Sud. Un projet qui porte peu à peu ses fruits : en 2011, le nombre de touristes a franchi la barre symbolique des trois millions. Il y a à peine dix ans, c’était à peine le million.
Avec sa petite production de chicha, Norma Mendoza ne se rêve pas en négociante de masse. “Mais au moins, ça fait parler de Melipilla, c’est une bonne pub pour la ville. Moi, j’ai mes clients, ça ne va pas changer grand chose“, explique celle qui a commencé à travailler le raisin avec sa grand-mère il y a près de 70 ans. “Ca m’incite juste à continuer et à m’améliorer encore.”
Norma Mendoza, 70 ans, a commencé à préparer la chicha de raisin avec sa grand-mère. Elle perpétue cette tradition avec des moyens d'époque