Ernie Pyle est correspondant de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va suivre un petit groupe de fantassins américains impliqués dans deux moments clés de la guerre : la campagne d’Afrique du Nord et celle d’Italie. Il va centrer ses articles sur le métier de soldat certes, mais aussi et surtout sur la vie quotidienne de ces hommes de l’infanterie américaine, tiraillés entre leur devoir, leurs relations amicales et sentimentales. À la tête du bataillon, le lieutenant Walker, qui conduit ses hommes à la bataille de San Vittorio…
Il est joué par Robert Mitchum, tout à fait en phase avec ce film de guerre pas comme les autres. Plus descriptif que spectaculaire, c’est vraiment un carnet de campagne qui s’ouvre devant le spectateur. Il nous relate quasiment jour après jour la progression d’une compagnie d’infanterie, les instants de répits, les hommes confrontés à la peur, au froid, au silence…
La mise en scène de William A. Wellman est tout aussi sobre, peut-être calquée sur les écrits d’Ernie Pyle, qui rédigeait scrupuleusement l’actualité des combats au quotidien. Le film de William A. Wellman rend grâce, à la simplicité de son style, ainsi qu’à son souci de réalisme et d’humanité. Ernie Pyle fut couronné du Prix Pulitzer en 1944 pour ses chroniques, publiées par près de 300 journaux.
S’il a choisi de suivre les fantassins, de se coltiner à l’infanterie, sans jamais risquer sa vie (on le voit souvent sur les lignes arrières) c’est pour mieux saisir ces instants d’humanité, qui de l’être ou du GI ne sait plus pourquoi se perdre, dans quoi se fondre. En voyant passer une escadrille, Pyle très posément joué par Burgess Meredith aura ce commentaire. « Ils meurent bien rasés, ils sont bien nourris. »
C’est à la fois son histoire et celle de la compagnie que nous découvrons, un quotidien parsemé d’embûches dans la gadoue, sur le flanc des collines, au cœur de la mitraille.
Les instants de repos sont aussi de formidables moments de cinéma ,sous l’œil attentif d’un cinéaste très complice. Je ne citerai que le dialogue qui sur le final s’engage entre le capitaine et le journaliste. Moments intimes, précieux, si rares et si courts.
Le temps aidant, mais vieillissant aussi, l’ensemble apparaît aujourd’hui fortement appuyé, avec une symbolique très marquée, jusqu’à la morale inhérente à la production de l’époque. Avant d’atteindre Rome, et alors que les G.I viennent de vaincre la fameuse montagne de Cassino , une voix nous parle d’un monde plus juste , et d’une paix certaine , si tous les gars du monde…
Une rengaine, il est vrai, mais pas une ride !
Burgess Meredith , dans le rôle du reporter
[LE LIVRE]
LE CIEL OU LA BOUE, un livre inédit de 80 pages qui se penche sur le film et sur sa réalisation, écrit spécialement par Michael Henry Wilson, journaliste et historien du cinéma, et illustré par des photos rares.
LE COMPLÉMENT
- The Battle of San Pietro (38‘), le documentaire de John Huston (Noir & Blanc – 1.33, 4/3 – VOST Mono)
L’épisode sanglant de l’attaque, en plein hiver, du village de San Pietro tenu par les Allemands, en 1943 pendant la campagne d’Italie. Ce documentaire de commande tourné sur le front lors de la campagne de la 5e Armée US en Italie (automne 1943-hiver 1944) est incroyable par l’authenticité qu’il restitue aujourd’hui.
Une autre vérité, une autre réalité apparaît au-delà du récit filmique. L’image est plutôt grisaille, mais à l’époque les cameramen opéraient avec les moyens du bord. Et bien souvent au plus près des combats.
Le premier assaut repoussé, les pertes, la contre attaque, la violence implacable des combats, rien ne manque!
29,99 Euros le Coffret DVD + Livre