1448
Tu ouvrais si grand tes bras
Qu’il aurait été indécent de ne point y plonger
Mais que faire de deux bras qui jamais ne se referment
*
Le givre posait délicate pellicule
Sur le dos rond des pensées
Elles frappaient à la porte des os
Tambourinaient au dessus des sourcils
Battaient aux tempes
Chaviraient en foie chagrin
D’avoir trop bu jusqu’à la lie
Jusqu’à l’ivresse
La liqueur d’amour donné d’une main
Puis très aimablement reprise de l’autre
*
Ainsi vont les tourments
Qu’un grand vent bouscule sans ménagement
Peines oubliées entre quelques becs de gaz
Cramponnées au réverbère dans la bourrasque
Vomissant au caniveau les souvenirs
Puis te voilà en station debout hésitante
Bien décidé à souquer ferme vers le rivage
Robinson des îles d’écriture
Tu guettes toujours à l’horizon
La voile amie qui te tendrait ses pages
Poserait sur tes épaules ses ballons de tendresse
Allégeant chaque minute de sa folle présence muette
*
Chaque jour qui passe
Te vois tituber au bord du trou
Bouche ouverte dans un cri sans voix
Manosque, 9 décembre 2011
©CopyrightDepot.co 00045567