"Cendrillon", un roman d'Éric Reinhardt

Je viens de finir la lecture du roman "Cendrillon" d'Éric Reinhardt. Un électrochoc. Un livre qui fait mal, qui souffre, qui a la rage, qui fonce comme un bolide, qui n'a peur de rien, qui se lit d'une traite, qui appelle à la révolution, qui éblouit et qui fait peur. Oui, c'est ça: "Cendrillon" est une oeuvre terrifiante. Publiée en 2007, on a l'impression qu'elle explique et commente en direct, à chaud, tout ce que le monde est en train de vivre, depuis la chute de Lehman Brothers en 2008 jusqu'à la destruction actuelle des Etats souverains en Europe. "Cendrillon" est un fleuve, un tourbillon, un abîme vertigineux d'idées, de situations, de sentiments, de phrases. C'est un brûlot, une satire, une farce. Mais aussi un poème extatique d'une densité, d'une tessiture extraordinaire.
Et il y a aussi la lucidité. Reinhardt met à nu, avec clarté et concision, les rouages de la mécanique ultra-libérale dont la rapacité ne connaît plus aucune entrave. J'ai été sidéré en lisant les pages qui décortiquent l'ahurissante sauvagerie des hedge funds.
Il y a deux mois, "Le système Victoria" du même écrivain me fascinait. "Cendrillon" me met le feu aux tripes.