Nous revenons, non pas pour vous jouer un mauvais tour, en espérant avoir le courage de prendre le temps de pouvoir écrire plus régulièrement.
Et pour entamer cette résolution 2012, une petite sélection de films vu récemment dont certains sortant dans les jours à venir
# Tinker, Tailor, Soldier, Spy (La Taupe)
Ma première réaction à la sortie a du être "OMG, Gary Oldman est un Dieu vivant" Et avec le recul, je suis à peine moins enthousiaste. Oserais-je dire qu'il mérite l'oscar? Oui d'ailleurs la presse britannique le pense aussi ^_^
Bon maintenant parlons un peu du film qui partait avec un casting des plus alléchant, qui à lui seul est une raison d'aller voir ce film. Ainsi s'égrainaient tour à tour sur l'écran Colin Firth, Mark Strong, Tom Hardy, John Hurt, Benedict Cumberbatch et Gary Oldman (pas forcement dans cet ordre) entre autres. Partant de là, le duo Oldman/Cumberbatch destiné à débusqué la taupe soviétique ayant infiltré les services secrets de Sa Majesté fonctionne plutôt bien. Le doute quand à l'identité de la taupe est jusqu'au bout maintenu. Les quelques fils qui auraient pu conduire le spectateur à choisir parmi l'un ou l'autre des suspects sont soigneusement effacés et parfois même l'on en vient à se poser la question : "Et si l'enquêteur était le coupable?"
En fait, cette adaptation du livre de John Le Carré renoue avec les grands films d'espionnage et le fait de revenir en 1973 nous change totalement de cette vague de films qui a fait son beurre sur la menace terroriste. Dans des tons flirtant avec le sépia, ce film retrace un univers de mensonges, de trahisons, de paranoïa, jouant sur cette opposition tranchée comme seule la Guerre Froide a si bien pu la créer. Pourtant c'est un film qui se révèle loin des clichés à la James Bond, loin des super-agents secrets sautant de trains en marche. C'est un film qui fait la part belle à la reflexion, où l'homme y est de nature froide, distante.
C'est un bijou du genre qui est apte à toucher des spectateurs dont les films d'espionnages ne sont pas le genre de prédilection.
Pourquoi aller le voir? Parce que l'on aime frissonner sans avoir peur, parce que l'on aime être dépaysé, parce que le casting vaut de l'or et que jamais on n'aurait imaginer que la taupe puisse être ...
Sortie le 08 Février
# La Dame de Fer
Pourquoi faut-il que les biopics se ressemblent tous. Même cheminements, même ressorts. Cela en devient ennuyeux et répétitif. Après J.Edgar où se confondent souvenirs, passé narré et histoire présente, La dame de fer emprunte le même chemin.
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre et je suis ressortie déçue. Oui Meryl Streep campe une Margaret Tatcher plus vrai que nature jusqu'à me semble-t-il s'enlaidir pour lui ressembler un peu plus. Son jeu d'actrice est formidable. Mais quel besoin avait Phyllipa Lloyd d'attaquer sous l'angle de la vieille femme atteinte d'Alzheimer qui par bribe se souvient de son parcours? Le résultat est parfois flou, parfois même dégradant pour la femme même si le parti semble clairement être féministe à travers la succession de combats et de victoires que "Maggie" a pu remporter face aux hommes dans ce milieu tellement machiste qu'est la politique. Le fait est qu'il s'agit surtout d'une tentative pour entrainer le spectateur sur le terrain de l'empathie, rendant cette "dame de fer" presque sympathique. L'alternance de scènes contemporaines, de souvenirs et parfois même d'images d'archives en ce qui concerne les grandes grèves ou la guerre des Malouines sont lassants.
Pourquoi aller le voir? Pour Meryl Streep qui y est grandiose et pourrait bien rafler l'oscar
Sortie le 15 Février.
# War Horse
Steven Spielberg s'est lancé avec War Horse dans un film particulier à contre-courant de ses précédentes réalisations. C'est un vrai bol d'air onirique, touchant dans lequel Spielberg réinvente l'amour en temps de guerre, l'amour passionnel même... Entre deux chevaux.
Vous l'aurez devinez, le personnage principal est un cheval anglais au doux nom de Johnny. Et c'est à travers ses yeux et ses multiples aventures que l'on plonge dans les tranchées de 14-18 dans la Somme, dans les camps de soldats de Quiévrechain, dans la lande du Devon. Où les allemands ont des casques à pointe (ceux de la Somme, pas du Devon), où la guerre est admirablement crue à l'écran, entre gaz, grosse Bertha et gueules cassés. Et quelques part au milieu de cette horreur, ce cheval-miracle nous apparait comme une promesse, un espoir qu'il y aura toujours une issue.
Considération hautement inutile mais qui pourtant m'a troublée, pourquoi les allemands entre-eux ne parlent-ils pas allemand mais anglais? Pareil pour les français? La crise du cinéma est-elle a ce point importante qu'il n'y a plus de budget pour les sous-titres?
Pour finir j'ai particulièrement accroché à la bande originale du film, signé John Williams, extrêmement mélancolique et complètement magique.
Pourquoi aller le voir? Parce que c'est un film qui ne peut nous laisser de marbre. Pour la qualité des plans, pour son originalité et tout simplement pour passer un bon moment.
Sortie le 22 Février
# Anonymous
Il y aurait tellement de choses à écrire sur ce film. Du bon comme du mauvais frôlant l'exécrable. Quoi qu'il en soit, je n'en suis pas ressortie indemne. Je passerais rapidement sur la thèse selon laquelle Edouard de Vere, comte d'Oxford aurait écrit des oeuvres pour lesquelles William Shakespeare aurait servi de prête-nom. Cette hypothèse a depuis longtemps était réfutée par les chercheurs. En revanche en temps que ressort narratif autour duquel le film s'articule, cela fonctionne plutôt bien. La figuration d'un Londres au tournant des 16e et 17e siècle, la représentation de ces foules assemblées dans des théâtres et la conséquence en terme de mécanique de sociabilisation qui en découle permettent au film de s'enraciner dans un background crédible. En revanche le passage récurrent d'une Elizabeth jeune à une Elizabeth en fin de vie est parfois déroutant.
Point positif s'il en est, le jeu de pouvoir autour des conseillers de la reine, les questions de succession qui ont rythmé le règne d'Elizabeth. Il en va de même pour les affres et trahisons du comte d'Essex dont la tête finira sur le billot. Même si Roland Emmerich prend de larges libertés (voire prend parfois l'Histoire à contre pied) avec la réalité historique, j'ai été agréablement surprise par certains détails, Notamment cette petite phrase d'Essex au bourreau : "Frappez juste" (On sait que ledit bourreau dû s'y reprendre à trois fois pour détacher la tête félonne du noble corps du comte)
On regrette cependant que le jeu des acteurs soit inégal. Rhys Ifans en comte d'Oxford et Vanessa Redgroove dans le role d'Elizabeth I parviennent à incarner parfaitement leurs personnages pendant que Rafe Spail joue un Shakespeare, inculte et imbu de sa personne sans grand succès. Alors que l'on devrait haïr le personnage, on ne parvient qu'à lui trouver un coté pathétique.
Pourquoi aller le voir ? Pour les représentations des pièces de Shakespeare, pour la critique politique aussi
Sortie le 4 Janvier.
# Sherlock Holmes : A Game of Shadows
Ces derniers temps, nos écrans frolent l'overdose. Et d'après RadioTimes, les ventes des intégrales de Sir Arthur Conan Doyle s'envolent. Oui la saison 2 de Sherlock et la confrontation avec Moriarty ont accaparé les ondes de la BBC et le net qui ne jurent que par cette nouvelle adaptation, tandis que dans les salles obscures Robert Downey Jr. se ballade dans Paris essayant de déjouer les mesquines petites manipulations de son propre Moriarty!
Alors oui, entamer le film sur un plan de la cathédrale de Strasbourg est étrange, la présence d'un anarchiste au doux nom de Claude Ravache, n'est pas sans rappeler Ravachol, anarchiste lui aussi de son état, il y a des bohémiens où l'héroïne est une chèvre, des allemands sans casques à pointe (et qui parlent allemands entre eux, détail hautement important) des échecs, des jeux, des jeux d'échecs, de la fourrure, des cartes géantes de l'Europe. Une éternelle rivalité franco-allemande, une guerre mondiale en préparation (en 1891 oui) et Strasbourg ville qui bien sur se trouve en France (en 1891 cherchez l'erreur). Voila qui résume en vrac le contenu de ce film qui se projettent sur nos rétines dans des tons vraiment sombres (parfois trop) avec une musique qui résonnent étrangement comme celle du film Thor.
Mais dans tout ce bombardement de détails (je sais je suis comique) c'est un film qui, s'il a du mal a démarré, nous projette dans une course poursuite haletante à dos de poney. En somme un bon divertissement qui renvoie le spectateur dans une fin de siècle troublée, dans une entre deux-guerres (1871-1914) où l'équilibre du monde repose sur l'éternelle hypocrisie des relations diplomatiques franco-allemande. Et comme l'exprime si bien Moriarty : "Ce n'est pas tant moi que vous combattez, Monsieur Holmes, que le genre humain"
Une mention spéciale au personnage de Mycroft qui dévoile un visage plus humain, moins cynique, plus présent aux cotés de son frère aussi. En revanche on regrettera l'absence du commissaire Lestrade.
Pourquoi aller le voir ? Parce que c'est le plus célèbre des détectives (avant Maigret et Colombo), parce que nous sommes chauvins et qu'en l'occurrence le Paris du 19e y est bien restitué. Parce que c'est un film d'action qui remplit parfaitement son rôle divertissant.
Sortie le 25 Janvier