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Recevoir les alertes Je m'inscris Envoyer cet article digg reddit stumbleMerlans, mulets, maquereaux... La photographe Anne-Catherine Becker-Echivard, 41 ans, porte un regard ironique sur notre monde en mettant en scène des poissons morts. Avec une étonnante minutie des décors, elle crée des saynètes montrant ses petits personnages dans des situations quotidiennes difficiles : chirurgiens au chevet d'une moule, taulards dans une cour de prison enneigée, ouvriers travaillant à la chaîne, manifestation à la Criée... Rencontre avec cette illustratrice de la comédie humaine au regard tendre et ironique.
Le site d'Anne-Catherine Becker-Echivard
Photographe de formation, vous avez fait des poissons que vous pêchiez dans votre enfance, de véritables complices et modèles...
"Dès le début, j'ai mis mes poissons en scène dans des décors. Mes premiers décors étaient des maisons de poupées achetées toutes faites. Je ne pouvais donc que représenter des moments de la vie courante. Mes personnages étaient nus. Mon admiration pour Charlie Chaplin a énormément influencé mon travail. Sans doute ai-je voulu lui rendre hommage en intitulant ma première oeuvre, puis ma première exposition, puis finalement la série des usines "Les Temps Modernes". Pour ces travaux, j'ai commencé à construire mes maquettes, à habiller mes acteurs, à développer une action... L'idée du travail à la chaine s'est imposée naturellement."
Votre travail serait-il en train d'évoluer vers le graphisme ou la bande dessinée ?
"Parallèlement, je travaille sur des photographies style BD. Il peut sembler que je stylise, que je m'oriente vers le graphisme. En fait, la préparation de la scène est la même : maquette, éclairage, habillement.... Seul change l'angle de prise de vue, un angle plus "dynamique", un peu comme dans un reportage. De plus, au lieu d'avoir toute une histoire dans une photo, comme dans les Temps Modernes, je découpe mon histoire en séquences successives, comme dans la BD. Enfin, ma photo prise, je lui fais subir un traitement de filtre. Ce travail n'est pas encore abouti, je réfléchis encore sur la présentation de cette série."
Pourquoi vous êtes-vous installée à Berlin ? Pensez-vous que la capitale allemande est au cœur de la scène artistique ?
"Je suis revenue à Berlin en 2009, ville que j'avais quittée à 25 ans, car la vie à Paris était trop bruyante, trop trépidante, trop stressante et trop chère. Berlin n'est pas une ville très belle, mais elle est large, verte, jeune et dynamique. Il s'y passe toujours quelque chose mais à la portée de tous. On fait du vélo, du bateau, on se baigne dans les lacs...C'est une ville où je me sens bien. J'y ai installé mon studio-photo et je compte bien rester ici. Berlin n'est pas la ville de la création, du moins pas encore. Il y a ici beaucoup d'artiste de toutes nationalités, non seulement à cause du calme, de l'histoire, mais aussi parce que les codes sociaux sont moins voyants et les loyers abordables."