Les arbitres décident de faire rejouer la partie mais Achille, qui estime avoir rempli son contrat, refuse de piloter. Les autorités le remplacent par Athéna, une « gen jox », un nouveau type de pilote conçu par manipulation génétique. Persuadé qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour triompher d’Alexandre, Achille accepte de redescendre dans l’arène – mais Athéna n’a pas l’intention de laisser passer ainsi sa chance de prouver ce qu’elle vaut…
Que la présence de l’auteur de science-fiction Joe Haldeman à l’écriture du scénario de Robot Jox ne trompe personne car ça n’en fait pas un bon film. D’ailleurs, et ça surprend assez peu, l’écriture de ce script aurait été émaillée de toutes sortes de disputes entre le scénariste et le réalisateur du film, Stuart Gordon. Si le premier souhaitait une science-fiction sérieuse et dramatique, agrémentée d’éléments techno-scientifiques crédibles, le second voulait une réalisation bien plus orientée grand public, avec un focus sur l’action et des personnages stéréotypés ainsi qu’une pseudo-science pour le moins stylisée. Laquelle de ces visions prévalut sur l’autre ? Vous avez gagné, c’est la seconde : Robot Jox est donc un pur nanar…
Et pourtant, ce n’est pas le potentiel qui lui manquait. Avec son monde frisant le post-apocalyptique aux masses obnubilées par de nouveaux jeux du cirque, mais aussi ses nouveaux types de pilotes génétiquement modifiés, il présentait plusieurs qualités indéniables. Quant au concept du combat de gladiateurs en mechas, si Robot Jox ne l’invente pas (1), il lui confère néanmoins une portée d’ordre politique, ou assimilé, qu’on ne retrouve dans aucune autre des diverses itérations de cette idée depuis (2) – cette description d’un monde séparé entre un bloc de l’ouest et un bloc de l’est, en effet, laisse peu de place à l’interprétation. Par contre, le film ne propose aucune réelle forme de réflexion sur la place des gladiateurs dans une société.
Au lieu de ça, il se cantonne à une intrigue relativement téléphonée, agrémentée de combats de mechas aux effets spéciaux hélas bien trop datés pour se montrer agréables à regarder et dans laquelle se glisse une sous-intrigue de chasse à l’espion qui renseigne les russes sur les technologies utilisées par les américains mais sans qu’elle parvienne à relever le niveau de quelque manière que ce soit… Hormis les purs mechaphiles, donc, mais aussi les spectateurs friands de nanars, il y a peu de chances que Robot Jox attire l’attention de qui que ce soit. Et pourtant, beaucoup s’en souviennent – en témoignent les nombreuses traces et les divers hommages qu’on en trouve sur le net…
Voilà pourquoi, en définitive, Robot Jox appartient surtout à cette catégorie de productions qu’on appelle les films-cultes, au moins pour certains spectateurs : ça n’en relève certes pas le niveau mais ça en rehausse la saveur d’une manière toute particulière.
(1) à ma connaissance, cette idée apparut pour la première fois en 1983 dans la série TV d’animation Armored Trooper Votoms de Ryousuke Takahashi, qui resta par ailleurs longtemps le pinacle de l’« école réaliste » du genre mecha. ↩
(2) on peut évoquer parmi d’autres exemples l’extension Solaris VII (1991) pour le jeu de plateau Battletech (FASA Corporation ; 1984) ou la série TV d’animation Mobile Fighter G Gundam (Yasuhiro Imagawa ; 1994). ↩
Notes :
Bien que promus dans certains pays comme des séquelles de Robot Jox, les films Crash and Burn (Charles Band ; 1990) et Robot Wars (Albert Band ; 1993) ne partagent avec le précédent que la même maison de production.
Robot Jox, Stuart Gordon, 1989
MGM, 2005
85 minutes, pas d’édition française à ce jour