Alors que la Cour des Comptes doit rendre aujourd’hui son rapport sur le coût de la filière nucléaire, le Commissariat à l’énergie atomique vient d’évaluer la sortie du nucléaire à un montant compris entre 530 à 772 milliards d’euros.
Dans une interview aux Echos, le directeur du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) Bernard Bigot évalue le scénario d’une sortie du nucléaire à un montant trois fois plus élevé que celui d’un statu quo.
L’Itese, service d’évaluation économique du CEA a comparé les deux scénarios: l’un où le nucléaire reste à son niveau actuel d’envrion 74% (plus 11% d’hydraulique, 10% d’éolien, 2% de solaire et 2% de gaz) et l’autre prévoyant une « sortie » d’ici 2025 vers un modèle également à faible émission de carbone (60% éolien, 12% solaire, 12% hydraulique et 16% gaz). Bilan: une facture représentant un investissement de 178 milliards à 212 milliards d’euros pour le premier cas de figure et un surcoût de l’investissement compris entre 352 et 560 milliards d’euros, soit un total de 530 à 772 milliards, pour le second.
L’Itese a également évalué l’augmentation possible des prix en fonction des deux scénarios. Le maintien du statu quo donne un coût du mégawattheure à 62 euros en 2025, celui d’une sortie du nucléaire un coût deux fois plus élevé.
Interrogé sur un scénario d’une réduction de la part du nucléaire à 50% de la production électrique, Bernard Bigot a répondu »Pourquoi pas? Mais pas de manière précipitée. Ce serait trop rapide de le faire d’ici à 2025 dans le contexte budgétaire et technique ».
Enfin, le directeur du CEA estime que « le vrai sujet est d’essayer de desserrer l’étreinte des combustibles fossiles. » « Commençons par les substituer avec les technologies renouvelables, tirons parti du parc nucléaire car il est susceptible de dégager des marges financières pour assurer son renouvellement pour la part qui sera nécessaire ! Et quand cette démonstration sera faite, voyons jusqu’à quel point on peut avoir un bouquet équilibré. » avance-t-il.