En hommage au père Roger Desbos,
Affectueusement appelé Aboubé,
Homme de grande qualité,
Il est malade, en maison de retraite.
Ça nous fait si mal aujourd’hu,
" Issa, tu me demandes une préface pour ton recueil de poèmes en raison de l'amitié qui me liait à ton père, Ghossey, et qui me lie toujours à toi et à ta famille profondément. (... )
Que le souvenir de ton père Ghossey et l'affection qui nous relie à lui attisent notre désir de voir partout la paix et la vie triompher de la violence !
Que ton rêve d'infini, Issa, se prolonge dans tes poèmes ! Qu'il rejoigne celui de ton père, le prince des guides du Ténéré ! Amen ! "
Aboubé
préface de Jour et Nuit, Sable et Ssang, poèmes sahariens
photos : Issa et Ghossey, Issa et Aboubé
Au père Aboubé,
A sa famille,
A ses amis,
A tous ceux qui l'aiment
Mon père,
Mon ami,
Au début de cette année 2012,
Je ne cesse de penser à vous,
A toi,
On s'est toujours tutoyé, cela va de soi,
Mais laissez-moi vous vouvoyez, exceptionnellement.
Je vous sais lointain,
Fatigué
Malade.
Cela me rend si triste,
D'autant plus que je ne pourrai pas vous dire le traditionnel bonjour, chaque matin.
J'aimerais vous dire, vous dire tant de choses...
Qu'ici, par exemple, personne ne vous a oublié. Tous ceux qui vous ont connu, pensent à vous, avec nostalgie, affection. Parfois les larmes aux yeux.
Mon père, le silence n'est pas oubli. Il fonde notre regard et notre écoute.
Je suis de la génération de ceux qui sont nés quand vous êtes arrivé dans ce pays, qui est aussi désormais le vôtre. Vous l'avez aimé ce pays.
Et la terre et les hommes. Tous les hommes, Blancs ou Noirs.
Avec le même amour, le même humour. Car le rire et l'accueil faisaient partie de votre charme naturel. Vous aviez le temps d'écouter, de demander comment vont les autres, les campements, les pâturages, les saisons, les jardins, la pluie et le dernier né de telle ou telle famille.
Comme cet autre patriarche, vous viviez ici, avec les gens d'ici, la vie d'ici, la langue, les langues d'ici dans leurs nuances et leurs sonorités les plus secrètes.
Mon père, mon ami,
Tchirozérine, ses collines, son soleil, ses palmiers, ses sables aux couleurs multiples, ses deux cheminées, ses hameaux et ses pistes poussiéreuses pensent toujours à vous dans le secret de leur silence.
On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible aux yeux.
Ainsi parlait notre héros commun, Le Petit Prince qui a su si bien nous apprivoiser tous les deux, mieux que le renard. Il faut créer des liens et vous les avez si bien créés avec cette vallée.
Un jour que nous étions ensemble, vous m'avez montré une carte postale de l'Ardèche, avec des chèvres dans les prairies tranquilles. Quel beau paysage !
Ah, si un jour je pouvais voir l'Ardèche ! Et l'année passée, mon rêve a été exaucé. J'ai vu enfin l'Ardèche dans toute sa splendeur.
La maison familiale, la maison d'enfance, avec ses secrets, et ses cachettes dans la clôture.
Où m'a-t'on dit, enfant tu faisais retraite. Je m'y suis assis, et j'y ai prié, avec ferveur, en communion avec toi dans ta maison de retraite.
Aboubé, nous t'aimons. Soit fort, la maladie, l'âge ne sont rien. C'est le moral qui est tout
Et avant de se quitter, dîtes-nous une histoire drôle.
Histoire de rire,
sourire
Ton fils
Ton poète
Si loin, si près de toi
Rhissa
Rhissa Rhossey
J'ai vu ces maison en France où sont réunis les personnes âgées ... J'avoue que c'est l'une des choses les plus tristes de ma vie.
Rhissa Rhossey