Alitalia va absorber Blue Panorama et Wind Jet.
La perplexité avec laquelle avait été accueilli le nouveau départ d’Alitalia est bel et bien oublié. La compagnie italienne évolue désormais dans un environnement apaisé, les interminables altercations entre direction et syndicats font résolument partie du passé et les pilotes ont regagné leurs cockpits. D’où des comptes à l’équilibre et des perspectives empreintes d’optimisme.
Une nouvelle étape va être franchie grâce à une double opération de regroupement, «consolidamento», consolidation en italo-anglais : Alitalia va absorber des compagnies mi-low cost, mi-régionales, Blue Panorama Airlines et Wind Jet. La première transporte 2 millions de passagers par an, la seconde 2,8 millions, ce qui signifie que le trafic du groupe Alitalia va bientôt approcher les 30 millions de passagers grâce à cette double opération de croissance externe. La notion de groupe est régulièrement utilisée, à Rome, dans la mesure où Air One conserve un statut de filiale, n’ayant pas été absorbée par sa maison-père contrairement à ce qui avait été prévu initialement. D’où la possibilité de jouer sur les deux tableaux, grilles tarifaires conventionnelles, d’une part, petits prix, de l’autre.
Les nouvelles acquisitions sont peu connues hors des frontières de la Péninsule. Blue Panorama exploite tout à la fois des lignes régulières et des vols charters, dans les deux cas en affichant une vocation résolument touristique. Elle dispose d’une quinzaine d’avions, Boeing 737, 757 et 767 et, dans le cadre d’un programme ambitieux dé développement (mais maintenant susceptible d’être remis en question), a passé commande de douze biréacteurs régionaux Sukhoi Superjet 100.
Wind Jet dispose pour sa part d’une flotte de douze Airbus «densifiés» : ses A320 sont équipés de 180 sièges, avec pour résultat un espace vital réduit, le prix à payer pour accéder à des tarifs très bas.
Sans doute ces deux marchés complémentaires permettront-ils de renforcer plus particulièrement Air One. Cette dernière a peu à peu confirmé sa vocation de compagnie low cost à part entière, mais sans excès. Sa stratégie est classique dans la mesure où elle ne s’écarte pas des méthodes éprouvées, par exemple la formule des «bases», imaginée par Ryanair et EasyJet, et qui contribue à une utilisation optimisée de la flotte. Après Milan-Malpensa et Pise, Air One inaugure ces jours-ci une base vénitienne et onze lignes nouvelles, notamment vers Bruxelles et Barcelone.
La maison-mère, pour sa part, poursuit de grands efforts de rationalisation. Ainsi, depuis 2009, elle a pris livraison de trente-trois nouveaux avions qui lui ont permis de déclasser des MD-80 d’une autre époque. Cinq A330 lui ont par ailleurs permis de renforcer son réseau long-courrier tandis qu’Embraer commençait à lui livrer des E-175 et 190. D’où la perspective de quelques difficultés d’harmonisation de la flotte du groupe élargi : on imagine difficilement, en effet, que Superjet et Embraer cohabitent intelligemment. Or Alitalia, lorsqu’elle a actualisé son plan de flotte, a tourné le dos à toute notion de patriotisme économique, estimant que le choix du prétendant brésilien s’imposait (1).
Une question reste sans réponse : dans quelle mesure faut-il voir la main d’Air France-KLM dans le nouveau départ d’Alitalia ? En Italie, le groupe franco-hollandais, actionnaire à hauteur de 20%, reste on ne peut plus discret mais joue sans doute un rôle important dans cet impressionnant rinascimento.
Pierre Sparaco - AeroMorning
N.B.: Sukhoi bénéficie d’une aide importante d’Alenia Aermacchi pour la commercialisation et l’après vente du Superjet.