L'hiver arrive enfin, quelques flocons et une vague de froid ont surpris nombre de foyers français dans l'hexagone. Nicolas sarkozy a filé à Bruxelles. A l'exception d'une vibrante couverture du Figaro, les commentaires furent finalement peu élogieux sur son intervention télévisée de la veille: trop tard, trop peu, trop défensif.
Nicolas Sarkozy a semble-t-il raté sa relance. Il n'avait même pas la fausse surprise d'annoncer sa propre candidature pour attirer la curiosité.
Dimanche, Nicolas Sarkozy était apparu effrayé de cette campagne qui a démarré sans lui.
Sarkozy perdu, ou grillé ?
Dimanche soir, Nicolas Sarkozy s'est grillé devant un peu moins de 17 millions de téléspectateurs. Il lui avait un peu plus de 6 chaînes pour atteindre le score. A l'accélération de la campagne la semaine dernière, il est paru coincé par son costume de président et ses 4 pauvres propositions, multipliant les erreurs et approximations.
Il
L'assouplissement de 30% des coefficients d'occupation des sols (COS) est une mesure confuse voire incompréhensible pour le commun des citoyens, et illusoire pour les experts: le manque de logements en France a peu à voir avec des COS prétendument trop contraignants. Et les propriétaires peuvent déjà augmenter de 30% leurs surfaces sans permis de construire du moment qu'ils respectent quelques règles énergétiques ou sociales. Le Figaro s'est inquiété, lundi, de ces mesures qualifiées de complexes.
L'augmentation de la TVA en octobre est apparu injuste, dangereux et contradictoire. Cela risque d'affaiblir la consommation (qui tire la croissance en France davantage qu'ailleurs). A 21,2%, la TVA française sera plus élevée que la moyenne européenne. Au Royaume Uni, une mesure similaire a fait bondir l'inflation à 5%.
La réduction des points de cotisations patronales ne sera pas dosée en fonction du poids de la concurrence étrangère.
Les accords compétitivité/emploi méritaient autre chose qu'un débat précipité en quelques semaines, alors que la loi prévoyait justement de donner du temps au dialogue social. Puisque les syndicats de salariés y sont hostiles, cette promesse de Sarkozy n'engageait... que lui. « ce contrat d’entreprise s’imposera à la loi » avait promis dimanche Nicolas Sarkozy. Une belle avancée de l'ultra-libéralisme qui ne déteste rien de moins que la loi contre le contrat « librement » consenti entre un renard et un lapin.
Au final, Nicolas Sarkozy reste l'un des moins bien placés pour discuter de compétitivité. Dans son grand discours d'investiture le 14 janvier 2007, pour cette autre campagne d'un autre siècle, il ya 5 ans, Nicolas Sarkozy n'avait pas prononcé une seule fois le mot compétitivité. Pas une seule fois.
Il évoque davantage de souplesse, mais que n'a-t-il fait. Sa propre défiscalisation des heures supplémentaires dès octobre 2007 a fait chuté l'emploi intérimaire puis en CDD dès le printemps suivant, quelque 6 mois avant la Grande Crise. En décembre dernier, l'automobile française a encore chuté: les ventes de Peugeot PSA ont reculé de 18%, celle de Volkswagen ont cru de 9%.
Il invoque l'apprentissage contre le chômage des jeunes, mais son bilan des 5 ans est un échec. Depuis 2007, le poids des prélèvements obligatoires a augmenté.
En coulisses, l'Elysée panique
Pourtant, les éléments de langage avaient été distribués aux différents ministres et ténors de Sarkofrance une trentaine de minutes avant la fin de l'émission présidentielle. Il fallait que le discours des perroquets de l'Elysée soit rodé, et éviter le cafouillage du dimanche précédent après le meeting de François Hollande au Bourget.
En effet, lundi en fin de journée, Vanessa Schneider révélait pour le Monde le document de trois pages envoyé par l'Elysée aux ministres: ces derniers devaient vendre cette « nouvelle étape de transformation de notre pays
». Il leur fallait rappeler que ces mesures ne venaient que maintenant car « pendant 6 mois, le Président et ses homologues européens se sont battus pour juguler la crise financière». Et, évidemment, « Face à la crise, Nicolas Sarkozy oppose la vérité sur la situation et le courage de l’action ». Ou encore, « pas de promesses intenables, pas de rêve chimérique, pas de division des Français, mais des réformes structurelles pour que notre pays puisse affronter le monde ».
Lundi après-midi, François Fillon reçut, comme l'avait ordonné le Monarque la veille à la télévision, ses proches ministres pour discuter de la mise en oeuvre du fameux plan. A l'issue, il confessa une nouvelle réduction des prévisions de croissance pour 2012: 0,5% au lieu de 1%. Les 5 milliards d'euros de provisions budgétaires qu'avait mis de côté le gouvernement dans son budget 2012 seront complètement mangés.
C'était sans doute la véritable annonce de la semaine: Nicolas Sarkozy se ralliait à une prévision adoptée voici 4 jours par François Hollande.
Le premier ministre écrit également aux organisations syndicales et patronales sur les accords compétitivité/emploi, et « d'engager sans attendre cette négociation de façon à aboutir dans les deux mois ».
L'exemple allemand
Lundi matin, Nicolas Sarkozy a pris son vol pour Bruxelles. Il y rencontrait Angela Merkel. De modèle, la chancelière est devenue mentor, ou seule maîtresse à bord. Elle ne s'y est pas trompée en promettant de venir le soutenir en meeting, confirmant ainsi le secret de polichinelle. Dimanche soir, Nicolas Sarkozy a porté l'Allemagne en exemple pas moins de 8 fois. Mais sa vision reste brouillonne. Il mélangeait tout. Il multiplia les erreurs (oui, l'Allemagne a aussi perdu de désin
Il n'osait toujours pas la critique essentielle: l'Allemagne est un concurrent qui nous dame le pion sur les marchés étrangers. Sarkozy n'osa pas non plus la comparaison complète: promet-il autant de travail partiel et précaire aux Français ? Mieux, en Allemagne, les loyers... sont encadrés (comme le rappelait lundi matin le Lab d'Europe1).
A Bruxelles, Angela Merkel a finalement modéré sa menace. Son ministre des finances voulait placer la Grèce sous tutelle européenne pour mener à bien ses réformes. Il s'agissait de nommer un commissaire européen et de l'envoyer à Athènes. « Je ne cherche pas la polémique, mais plutôt un dialogue productif » a-t-elle précisé en arrivant au sommet. Le Luxembourg et l'Autriche voisines ont rapidement publiquement répudié la proposition allemande. Nicolas Sarkozy, lui, est resté courageusement silencieux. L'objet du sommet était aussi de caler le fameux traité européen à 26, décidé en octobre; et de valider le second plan de l'aide à la Grèce.
Cette dernière renégociait la restructuration de sa dette. Contrairement aux grandes déclarations de victoires de Nicolas Sarkozy lors des sommets européens précédents, il manquait à la Grèce de renégocier l'abandon de 50% au moins de sa dette publique pour envisager d'être sortie d'affaires. Avant le sommet, les créanciers privés avaient acceptés de perdre 50% voire 70% de leurs prêts. Mais c'était insuffisant. Il fallait encore que la BCE et d'autres institutions publiques acceptent de faire de même.
Quelque part vers 21H30, Nicolas Sarkozy a tenu à se montrer devant les journalistes, pour résumer les conclusions de ce sommet européen informel. Il était fatigué, presque gris, les épaules tremblantes. Il avalait fréquemment sa salive au point de s'interrompre. Il répéta souvent le mot compétitivité.
Il ne savait plus quand le futur traité (promis depuis le 9 décembre dernier) devait être adopté (« mars, je crois... ») ni quand l'accord avait été conclu ( « le 9 décembre, je crois »). Tout aussi flou fut-il sur la prévision de croissance (« elle était à 1% je crois... »). Il refusa de commenter les critiques contre sa décision d'augmenter la TVA. Il refusa aussi de répondre à un journaliste britannique qui lui demanda si David Cameron avait réagi au mensonge prononcé la veille par Sarkozy sur l'industrie outre-Manche. Publiquement enfin, maintenant qu'Angela Merkel avait abandonné son idée de tutelle de la Grèce, Sarkozy put avouer qu'il n'aimait pas l'idée.
Cette séquence, au final, fut curieuse.
Nicolas Sarkozy semblait s'être auto-dissous, effacé.