Son nouvel album, Beyond The Sun, sorti en fin d’année 2011, est un hommage aux studios d’enregistrements Sun. Sun, le label de Memphis créé en 1952 qui rèvéla Elvis Presley en 1954 mais le laissa filer chez RCA en 1956 contre une somme ridicule. Le producteur Sam Philips avait transformé son studio en laboratoire d’expérimentations pour Howlin’ Wolf, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis… et c’est ici qu’ont été pondus tous les singles devenus des classiques des années 50’ et 60’. On comprend alors mieux l’intérêt évident de Chris Isaak pour le label aujourd’hui défunt, depuis sa vente en 1969. Quant au fameux producteur, lui, il est décédé en 2003 à l’âge de 80 ans. Le label a aujourd'hui obtenu un statut mythique et ses disques son collectionnés par les amateurs.
Que trouve-t-on sur ce double CD de 25 titres ? Pas moins de douze reprises de succès d’Elvis Presley, comme Can’t Help Falling In Love, It’s Now Or Never, My Baby Left Me … A l’évidence Chris Isaak pourrait remporter le prix du meilleur imitateur vocal de Presley, tant sa voix de velours sait se couler dans le moule de son illustre maître. L’artiste ranime d’autres fantômes, comme Jerry Lee Lewis (Great Balls Of Fire, Crazy Arms), Roy Orbison (Oh! Pretty Woman), Howlin’ Wolf (Everybody’s In The Mood), ainsi que Johnny Cash, Carl Perkins et Warren Smith.
Chris Isaak a quand même réussi à placer deux de ses compositions, Live It Up un titre rapide et Lovely Loretta un mid-tempo avec piano bastringue.
Le disque a été enregistré dans les studios Sun, mais paradoxalement on remarquera que sur la liste des titres repris ici, tous n’ont pas pour autant été enregistrés pour Sun en leur temps (Can’t Help Falling In Love de Presley) !
Chris Isaak nous livre un album bien agréable a écouter c’est certain, mais la vraie question qu’on se pose après les dernières notes de That Lucky Old Sun qui clôt le CD, à quoi sert une telle entreprise ? Question qui vaut d’ailleurs pour tous les albums « hommage ». Les morceaux ici ne sont pas « réinventés » ou « recréés », ils sont livrés dans l’esprit et la forme des originaux, ce qui amène à la logique et imparable interrogation, pourquoi écouter le prophète Isaak et pas le messie Presley tout simplement ? Huh ?
Pretty Woman de Roy Orbison