Ma journée m’avait déjà conduit devant deux films, le documentaire souvent drôle et passionnant Freakonomics, et le polar vénéneux Millenium, les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Le puceau que j’étais de l’univers de Stieg Larsson, n’ayant ni lu les livres ni vu les adaptations suédoises, s’est régalé de l’œuvre de David Fincher, dense, brute et étonnamment touchante (la faute à une paire de personnages finement écrite, et à un duo d’acteurs, Rooney Mara et Daniel Craig, les incarnant à la perfection jusqu’à une scène finale apportant une étonnante émotion). Une jolie mise en bouche pour aller se frotter à Mother’s Day au Nouveau Latina.
J’ai connu la salle de la rue du Temple plus remplie, à croire que Darren Lynn Bousman, qui à lui seul a réalisé près de la moitié de la saga Saw, n’a pas tant de fans que cela (et après tout est-ce étonnant…). Ce n’est pas pour le CV du réalisateur que les amateurs se retrouvaient devant son film en ce samedi soir, même si les raisons ne manquaient vraisemblablement pas. Le fait qu’il s’agissait du remake d’un film d’horreur musical délirant de la bande Troma, ou le plaisir de retrouver en tête d’affiche Rebecca de Mornay, entourée pour l’occasion de quelques têtes connues comme Jaime King, Frank Grillo ou Shawn Ashmore (le Ice-Man des X-Men !). Il y avait aussi l’exclusivité d’une telle projection, le film étant montré au même moment ce soir-là au Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, ainsi que nous l’a révélé Fred Garcia, présentateur du soir. C’est ce dernier d’ailleurs qui a fait de l’homme aux sacs plastiques une des stars de la soirée.
Rien que pour ce genre de petit moment touché d’une grâce cinémaniaque, j’adore les soirées Panic Cinéma. Celle-ci fut même l’occasion d’enfin croiser la route de Phil Siné que je ne connaissais jusqu’ici qu’à travers sa Cinémathèque et avec qui j’ai pu échanger mes impressions au sortir de la salle. Dialoguer à propos du plaisir pris devant ces frangins braqueurs prenant une maison en otage, bientôt rejoints par leur maman pétrie d’amour pour ses fistons à qui elle a enseigné la nécessité de protéger la famille envers et contre tous. Tous, en l’occurrence, c’est ce groupe d’amis pris en otages, divisé entre ceux qui veulent se défendre et ceux qui pensent qu’il est préférable de suivre à la lettre ce que demande la famille de psychopathes qui les tient en joue.
Peut-être était-ce de cela que discutait Plastic Man avec un ami qui est peut-être aussi omniprésent que lui dans les salles obscures, puisque je l’ai reconnu comme le spectateur ayant fait comme moi il y a quelques semaines le doublé Sweetgrass / The Terrorizers… où j’avais également croisé Plastic Man. Décidément, on finit toujours par se retomber dessus. Même si je ne suis pas sûr qu’ils me reconnaissent aussi facilement que je les reconnais eux…