Depuis plusieurs mois, les politiciens nous font la morale pour que nous reprenions le contrôle de nos finances. Aux dernières nouvelles, l’endettement des ménages excédait 150 % du revenu personnel disponible. Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, nous reproche de trop nous endetter; Jim Flaherty, ministre des Finances du gouvernement Harper, menace de resserrer à nouveau les conditions d’emprunts hypothécaires; le gouvernement Charest veut augmenter le pourcentage de remboursement minimum des cartes de crédit; les biens pensants dénoncent l’achat d’une auto financée sur une période de huit ans; etc.
Comprenez-moi bien, s’endetter pour financer l’épicerie, autre que pour passer un mauvais moment, est irresponsable, mais les politiciens n’ont pas de leçon à donner à personne.
Primo, depuis plus de trente ans, les politiciens de tous les niveaux de gouvernement empruntent pour payer l’épicerie. Il ne faut donc pas se surprendre si les gens les imitent. Ils seraient plus crédibles s’ils faisaient le ménage des finances publiques sans, comme d’habitude, piger dans nos poches.
Deuxio, le revenu personnel disponible des Québécois est le plus bas au Canada, voire en Amérique. Si les politiciens ne confisquaient pas une si grande part de nos revenus, nous pourrions réduire notre taux d’endettement.
Tertio, cela fait plus de quarante ans qu’on nous infantilise et soudainement on nous demande de se responsabiliser. Le processus sera d’autant plus long que nos élites politiques, à la solde des groupes d’intérêts, continuent de dépenser comme si l’argent poussait dans les arbres. Il suffit de revoir la longue liste hebdomadaire des subventions pour s’en convaincre
L’adage populaire Qui paye ses dettes s'enrichit, est toujours un sage conseil. Lorsque l'on paye ses dettes, on n'a plus à payer les intérêts et c'est de leur somme que l'on s'enrichit ensuite. Cela est vrai pour les individus et les gouvernements.
Malheureusement, les politiciens actuels gèrent les fonds publics avec tant de désinvolture qu’ils n’ont pas la légitimité morale requise pour nous faire la leçon dans ce domaine. Il faudra attendre une nouvelle génération de politiciens plus responsables, qui sauront, je l’espère, comprendre qu’on ne peut pas vivre au-dessus de nos moyens indéfiniment.