Si les organisations patronales se réjouissent des annonces de Nicolas Sarkozy sur les futurs accords compétitivité-emploi, elles ne pavoisent pas encore, puisqu'un échec du Président et de sa majorité ruinerait leurs espoirs et ceux de leurs actionnaires !
Comme nous vous l'expliquions hier les propos du Président et de son premier ministre sont une transposition de type copié/collé des demandes des organisations patronales, notamment de l'UIMM. Elles s'appuient sur un raisonnement très simple : Transformer la rémunération des salariés en variable d'ajustement de l'activité économique !
Afin d'y parvenir, il est nécessaire de priver ces salariés du droit de s'opposer à une modification unilatérale de leur contrat de travail ! Les organisations patronales n'ayant pas ce pouvoir, elles ont mandaté le Président, son gouvernement et sa majorité.
Ainsi, on a pu entendre Nicolas Sarkozy indiquer que François Fillon allait : « (...) écrire aux partenaires sociaux « pour leur demander de négocier dans les deux mois qui viennent » sur les accords dits « compétitivité-emploi »
Dans la mesure où la CGT et FO y sont totalement opposés et que la CFDT a annoncé qu'elle refusera : « (...) une mesure décidée unilatéralement et précipitamment (...) » Il est clair qu'aucun accord ne peut être trouvé rapidement, au grand dam des organisations patronales.
Alors direz-vous, projet mort et enterré ?
Certainement pas, puisque les organisations peuvent compter sur l'Elysée, le gouvernement et l'UMP pour les aider à obtenir satisfaction. En effet, Nicolas Sarkozy conscient de l'opposition des syndicats de salariés a annoncé lors de son intervention qu'en cas de : « blocage idéologique » des partenaires sociaux, un texte sera présenté au Parlement pour « gérer la période transitoire » avant qu'un accord ne se trouve.
Blocage idéologique qui ne pourrait vous vous en doutez bien provenir des organisations patronales puisqu'elles ont déjà annoncé la couleur sur leurs sites Web.
Medef : « (...) La perspective d'accords d'entreprise "compétitivité-emploi" permettra de faire face avec souplesse et dans le dialogue social à toutes les évolutions de conjonctures. Le Medef se tient prêt à ouvrir immédiatement une négociation avec les organisations syndicales sur le sujet afin de définir le cadre de tels accords (...) »
CGPME : « (...) la CGPME se tient prête à participer à la prochaine négociation interprofessionnelle sur la définition des accords cadres compétitivité-emploi. Elle fera valoir, à cette occasion, la nécessité de mettre en place les conditions de leur application pour qu'ils ne soient pas, dans la pratique, réservés aux seules grandes entreprises mais adaptés à la réalité des PME (...) » Communiqué
Sanction pour les salariés ?
De fait, expliquent Les Echos : « (...) les accords pourront moduler le temps de travail à la baisse, pour préserver l'emploi en réduisant la masse salariale, mais aussi à la hausse, en imposant de travailler plus de 35 heures sans revalorisation salariale (...) »
Les salariés qui seront content d'apprendre que contrairement à la cogestion à l'allemande, les organisations patronales françaises ne semblent pas vouloir s'engager comme leur homologues d'outre Rhin sur une : (...) garantie d'emploi qui peut courir jusqu'à quatre ou cinq ans (...) ni d'ailleurs sur un retour à de meilleurs salaires en cas de meilleure santé des entreprises !
Ce qui en résumé revient à faire payer la crise par ceux qui n'en sont pas responsables ! Et permettre aux actionnaires de voir leurs revenus maintenus
Le pire dans cette affaire, c'est qu'on oublie totalement de l'Elysée à L'UMP en passant par les organisations patronales de parler d'une implication directe pour les salariés : Que se passera t-il, lorsqu'un salarié dont le prêt immobilier ou à la consommation ont été été calculés sur la base ou en fonction de ses revenus, verra sa rémunération baisser de 20% ou plus ?
Eh bien, ils se débrouilleront avec leurs banques, quitte à hypothéquer ou mettre en vente leurs biens. L'essentiel n'est-il pas de permettre aux entreprises de continuer à bien rémunérer leurs actionnaires ?
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Le Figaro