Je m’apprêtais à repartir billes en têtes sus à l’ennemi Sarkoziste tel que déclaré hier soir, en choisissant comme angle d’attaque la vision si flatteuse mais pour le moins fantasmée qu’il a de l’Allemagne – et si exclusivement économique qu’elle en délaisse la dimension sociale catastrophique – quand plusieurs billets sont venus coup sur coup apporter opportunément de l’eau à mon moulin.
L’Allemagne, un exemple à suivre ? Bien sûr, il n’en est rien, de l’avis des intéressés eux-mêmes. Car la réalité de nos voisins est autrement plus complexe et contrastée qu’il ne plaît aux libéraux de le laisser croire à ceux qui, contrairement aux journalistes, blogueurs et autres gens sur-informés, n’ont pas le temps de creuser ce qu’on leur donne à manger…. « Informationnellement » parlant. Et les socio- traîtres en profitent aujourd’hui bigrement pour asseoir leurs misérables intérêts oligarchiques.
Tout d’abord, je voudrais porter à votre attention cet article particulièrement utile d’Owni, qui démonte un à un les principaux arguments de ce falsificateur qui nous gouverne. L’article nous montre au contraire une Allemagne qui se désindustrialise presque aussi vite que la France.
Concernant l’augmentation de la TVA qui ne jouerait pas sur les prix à la consommation (ce qui fait d’ailleurs bien rire la plupart de mes collègues de travail tant cela défie le bon sens et relève de la propagande) c’est encore faux puisque, toujours selon cet article, l’indice des prix à la consommation harmonisé augmente continuellement sur les cinq dernières années, chiffres et graphiques apportés par Owni à l’appui.
Venons à présent au billet de Stef, du blog « Une autre vie », dont l’un des graphiques nous propose une information comparée du coût de la main d’œuvre en France et en Allemagne, et insiste sur la nécessité qu’il y a, effectivement, de combattre la gigantesque campagne de désinformation menée par la droite qui consiste à faire passer l’Allemagne pour un camp de vacances prospère… Stef dénonce également à juste titre comme je le faisais également auparavant dans ce billet l’escroquerie constituée par le “pacte de compétitivité“ qui permet à un employeur sous couvert d’adaptation du volume de travail au carnet de commandes de payer moins un salarié quand il travaille moins mais encore moins même quand il travaille plus… C’est la version revisitée de la formule du vainqueur d’autrefois. Melclalex, du blog « A perdre la raison », insiste à bon escient également sur cette attaque sans précédents du code du travail qui se dissimule dans un cheval de Troie sous le vocable barbare de “pacte de compétitivité-emploi” et dit comme moi tout le mal qu’il en pense.
Même le JDD, journal qu’on ne saurait guère taxer de gauchisme sans se voir instantanément changé en statue de sel, dénonce la supercherie de la TVA sociale qui aurait été initiée par un socialiste allemand, Gerhard Schröder, ce qui s’avère entièrement faux. Mais Pinocchio n’en est pas à un mensonge près…
En fait, ce sont les travailleurs allemands qui parlent le mieux de la situation chez eux, puisqu’ils la connaissent et la vivent… eux. J’entendais ce matin un représentant d’IG Metal, l’un des plus puissants syndicats allemands souvent cités par les journalistes, nous dire combien la vie professionnelle était difficile dans son pays. En effet, bien que le taux de chômage soit certes moins important qu’en France (5,5% contre 9,8%), cette prétendue réalité qu’expose les chiffres en cache une autre, bien moins glorieuse. En effet, l’Allemagne subit le même type de précarisation de l’emploi que nos voisins d’outre Manche cette fois, pays dans lequel chacun sait qu’il s’agit d’accepter n’importe quel petit boulot, même de quelques heures seulement, sous peine de perdre ses droits. En Allemagne, il n’existe pas de salaire minimum, et bon nombre d’emplois proposés sont de courte durée.
Est-ce de cet exemple là qu’on souhaite s’inspirer, de cette précarité généralisée à laquelle encourage si vivement l’Europe, même à travers ses instances judiciaires ? Est-il si enviable de voir une population connaître pour les deux tiers de ces travailleurs une situation d ‘emploi précaire ? Moins de chômage, oui, mais à quel prix ? Celui de la dignité humaine ?
En tous les cas, il y a un certain plaisir cynique de goûter à l’avance au spectacle grotesque de ces deux présidents si détestés de leurs peuples respectifs se serrer les coudes dans l’adversité… ça fait chaud au coeur de voir qu’il y a au moins là, parmi la caste des ploutocrates européens, tant de solidarité. Ne manquent plus que les cadres de Goldmann Sachs pour venir manger des petits fours dans les meetings de Sarkozy, et la comédie sera parfaite. On dirait presque du Fellini…
Place au peuple !