Créditée de seulement 2 % d'intentions de vote et cible de bien des critiques, à gauche comme à droite, Eva Joly ne désarme pas. Elle a commissionné les experts économistes de l'OFCE, le centre de recherche de Sciences-Po, pour l'analyse de son programme, et a fait quelques propositions inédites...
Eva Joly a certainement visionné le documentaire diffusé mardi dernier par Arte sur le concept d'obsolescence programmée qui a permis à certaines grandes marques de programmer techniquement leurs appareils afin qu'ils aient une durée de vie limitée, nous incitant ainsi au rachat prématuré de nouveaux appareils.
Une mesure intéressante mais peu explicitée
En effet, dans une interview donnée à la chaîne Public Senat, la candidate Europe Ecologie - Les Verts (EELV) propose d'" utiliser la voie législative pour obliger les constructeurs à produire des appareils avec une durée de vie plus longue". Selon elle, cette mesure aurait une " incidence directe sur le portefeuille " et pourrait permettre aux Français d'augmenter leur pouvoir d'achat. Mais la candidate n'a pas indiqué comment parvenir à une telle "révolution" des modes de production actuels et elle n'a malheureusement pas évoqué les autres travers de ce concept, apparu dans les années 1920. En dehors du surcoût qu'elle entraîne pour les ménages, l'obsolescence programmée est synonyme de gaspillage de ressources (notamment les terres rares requises dans la conception des appareils high-tech) et d'accumulation de déchets toxiques (dit " ewaste ") dans des pays sous-développés qui se sont spécialisés dans la récupération ou la revente artisanales des composants.
Si elle risque de faire grincer des dents du côté des industriels, cette proposition ne semble néanmoins pas superflue dans un contexte de crise environnementale et économique. C'est d'ailleurs une des premières fois qu'elle est évoquée dans la campagne. Mais elle a surtout une valeur de symbole, les répercussions économiques et environnementales de l'obsolescence restant à être chiffrées.
Validation de son programme par des économistes
Dans son programme, la candidate EELV prône également le développement d'une fiscalité environnementale encourageant les économies d'énergie, une hausse des investissements publics, et une hausse des impôts pour les plus aisés et les grandes entreprises. Elle s'inspire d'ailleurs largement des écologistes allemands qu'elle souhaiterait imiter, notamment sur le plan nucléaire.
En quête de crédibilité, Eva Joly a voulu démontrer l'efficacité de son projet en le soumettant au centre de récherche économique de Sciences Po. " On a utilisé les experts de l'OFCE et ils ont complètement validé notre projet [...] Mon programme est crédible, je vous le dis et je vous le prouve. Vous demanderez le même exercice à M. Hollande " a-t-elle ajouté dans l'interview de Public Sénat.
Si la candidate écologiste peut se satisfaire de cette évaluation, la mayonnaise ne prend toujours pas avec les Français...
Célia Garcin