Je n’ai pas eu le courage de Dada. J’avais pourtant annoncé que je me tiendrais éloigné de la boite à image, pour me préserver. C’est jamais bon de finir une journée énervé. Mais je n’ai pas résisté longtemps. Encore aurait-il fallut avoir le choix. En zappant, il n’y avait guère de possibilité d’y échapper : 8 chaînes, rien que cela, retransmettaient la sainte parole.
De guerre lasse, j’ai finalement résisté jusqu’à la fin alors que les annonces étaient largement éventées. Le Chef de l’Etat, enfin celui qui colonise le poste pour 3 mois encore, ne fait qu’occuper le terrain médiatique face à François Hollande. Le terrain économique et politique est perdu depuis longtemps : ce qu’on a pas été capable de faire en 10 ans ne se fait pas en 3 mois. Economiquement, le Lider Minimo a oeuvré pour ses bailleurs de fonds, entretenant suffisamment le chômage comme outil de discipline sociale : quand on est précaire, on ne se rebelle pas. Politiquement, il est cuit, il le sait. Les faits sont là, le bilan est désastreux, et une forme de lassitude transpire. Dès lors, il est bien facile d’annoncer de belles mesures quand un terme aussi proche s’annonce : j’ai fini l’émission le cœur léger : tout ce décorum, cette grand-messe pour ça, au final pour pas grand chose… Rien ne se fera, ou sera défait.
La nouveauté, quelque part, a été la prestation des journalistes. Compte-tenu du panel en présence, il y avait fort à craindre d’assister à une séance d’application de brillantine. On y aura vu une Claire Chazal dans un exercice hors de l’habitude, à la limite de l’outrage… et un Jean-Marc Sylvestre peu actif, loin de son habituel regard béat d’admiration envers son maître, laissant même échapper plusieurs soupirs réprobateurs aux réponses du monarque. Les amitiés effilochent, les soutiens se distendent, on bruisse dans son dos. Bref, les caves se rebiffent.
Au delà, le seul point vraiment agaçant a été cette référence continue et appuyée au voisin d’outre-Rhin. Tout n’y est pas aussi rose : c’est un pays qui n’a aucune marge de manœuvre à assez court-terme, plombé par le vieillissement d’une population que rien ne peut compenser, surtout pas sa jeunesse, bien moins nombreuse d’en France (18%, en constance baisse, contre 25 en France). Une vision à si court-terme fait peur, mais peut-on vraiment lui reprocher de ne pas savoir prendre de la hauteur ?
Enfin, c’est sans surprise qu’on a eu droit un exercice d’introspection à faire chialer, et à l’habituelle litanie des fautes d’autrui : la crise, les 35 heures, les 60 ans, les autres, les socialistes, évidemment, peut-être même Jean Jaurès et Léon Blum… A bien y réfléchir, la plus grande bêtise vient probablement du père, celui qui un jour, décida d’émigrer, de fuir son pays la Hongrie, pour s’installer en France plutôt que l’Allemagne…
J’oubliais. En 1944, en Allemagne, il y avait Guéant et Hortefeux.