Le Nord-Ouest de la Syrie est particulièrement fertile, autant d'un point de vue agriculture (vallée de l'oronte) qu'historique.
C'est en effet là que l'on trouve les traces des forteresses construites par les envahisseurs venus du nord, ces véritables barbares pour les arabes d'alors, lesquels s'empressaient, lorsqu'ils reconquerraient une place-forte, d'y installer le plus important... des thermes (hammam)!
Il n'en reste pasmoins que ces forteresses sont particulièrement imposantes, à commencer par la plus massive d'entre elles... le krak des chevaliers.
Campée sur un promontoire rocheux, massive, mate, à l'affût, elle constituait sans doute aucun une sourde menace permanente pour les ennemis (ou présumés tels) alentour. Imprenable, elle ne tomba que devant ... la ruse des mamelouks, lesquels firent parvenir un faux message aux assiégés semblant émaner de leurs chefs de la côte, et leur enjoignant d'abandonner la forteresse!
L'ensemble des bâtiments impressionne par son état de conservation.
Des nombreuses maximes latines qui y figuraient, une seule n'a pas été effacée par les nouveaux maîtres des lieux : elle demande à Dieu la sagesse, la beauté, et surtout d'épargner les hommes de l'orgueil qui détruit tous ces dons.
Une autre forteresse, épousant les contours rocheux d'un éperon perdu dans la forêt se trouve plus au nord encore, dans la verdure des hauteurs du Djebel : le chateau de Saône, qui contrôlait la route de Jérusalem.
Chateau de Saône, rebaptisé par le réime "chateau de Saladdin", ses murs s'étirent comme un reptile assoupi et gorgé de soleil entre les pins le long de sa colline... un appel irresistible à la sieste, et à la balade !
Ce n'est sans doute pas par mimétisme, et pourtant... le djebel est jalonné de constructions entamées et jamais finies (pour ne pas payer d'impôt?), et pourtant parfois habitées bien que dépourvues de portes et de fenêtres, ou bien de résidences collectives achevées en apparence... mais totalement vides d'habitants !
Et pourtant, que cette montagne est belle, sa verdure et ses rochers égayée de délicates fleurs de montagne, un mode de vie qu'on devine bien différent de celui qui prévaut ailleurs dans le pays ....
Un rapide détour par la côte, à Laatiquya,permet de contempler la côte d'azur syrienne, palmiers et plages pour touristes à l'appui!.. à quelques kilomètres de là s'étale le front de mer ravagé de Tartus. Contraste..
Et arrive le Palmyre des hauteurs, un autre joyau venu de l'antiquité dont l'écrin cette fois n'est pas le désert sablonneux, mais de vertes collines ou paissent les moutons : Apamée!
C'est une interminable allée bordée de colonnes en tout genre, de murs et temples semi effondrés, de thermes variés, qui scintille dans le couchant sous l'oeil jaloux du Djebel qui le surplombe, de l'autre côté de la vallée de l'Oronte.
Cette vision relevant du mirage, comme si le forum de Rome avait été exporté pour moitié dans les dunes de Palmyre, pour l'autre sur ces douces collines, a pourtant des spectateurs bien plus habitués à exercer leur talents, lancer leurs chants, dans ce théâtre de pierre...
Sourire léger aux lèvres, avec une bienveillante distance envers les monuments jetés ça et là par les caprices du temps et de la terre, les syriens ont transformé ce site en ce que l'on doit bien considérer comme le plus beau paturage du monde, les moutons ne faisant qu'une bouchée indifférente de cette herbe nourrie des siècles qui passent...