Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
25e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Rencontre d’une tarte d’airelle télécommandée, de citrouilles au sourire crénelé et de l‘hologramme d’un chien grand lecteur d’inscriptions funéraires. On se fait peu à peu à la laideur de la sorcière et on glisse même une jambe dans son lit. – Mais qui est Alix ?
Elle est sans doute la Sorcière, et, par là même et de là mê
Me sa propre grand-mère, qu’elle doit « endosser » et por (1250)
Ter (en est-elle grosse ? « un enfant dans le dos » ?), aussi
La fée (Viviane et Mélusine). — C’est une grande intellect
Uelle (ce qui après tout ne gâche rien, surtout quand il s’a
Git du type « intellectuelle à longues cuisses » et c’est pré
Cisément son cas. Une grande intellectuelle, physiquemen
T aussi, je veux dire)... On l’a vue à l’œuvre, et comment !
Dans Cadavre grand m’a raconté, notamment. Bien sûr c’est
Le genre à tresser serré ses cheveux blonds pour enrouler
Ces tresses autour de son crâne ! Et, bien sûr qu’elle porte
De fines lunettes sur le bout de son nez, et qu’elle regarde (1260)
La plupart des mecs de haut, avec son mètre quatre-vingt
Cinq. Faut ce qu’il faut ! Et son invite sexuelle est discrète,
Élégante, mais puissante (quelquefois – mais latéralement –
Appuyée), et « Tassememouille », son nom de famille... ça
Veut tout de même dire « Tâte-moi le bivalve » en picard :
Ne pas oublier... Elle n’est pas Claudie, et encore moins la
Lucie du Mirador (qui me reste inaccessible). Alix, la jeune
Femme Alix est moi. Mon double, en tout cas. Ma sœur —
Ma jumelle.
Claudie aimait les horizons. Surtout quand
Ils n’étaient pas trop loin (vu sa myopie). Maladroitement (1270)
Mais, avec quel entrain ! elle montait sur le tronc d’un très
Gros arbre abattu, chablis, chablis, et regardait longtemps
Par là, la main en visière sur son front (qu’elle avait incroi
Yablement haut, et bombé, et bosselé) ; elle voulait voir le
Pays des légendes, celui où on n’arrive jamais, le domaine
Des fées. Mais vu sa myopie maousse tout était brouillard
Pour elle et où qu’elle braquât ses regards. Elle était d’une
Naïveté, d’une innocence effrayantes ! petite fille sérieuse,
Rêveuse. Elle travaillait bien à l’école et portait d’épaisses
Lunettes. Mais elle aimait courir les bois avec moi, et c’est (1280)
Elle,c’était elle qui venait me chercher, et m’entraînait. Ça
Étonnait tout le monde. — Même...ça mettait mes parents
Mal à l’aise, je ne comprenais pas pourquoi et d’ailleurs je
N’ai toujours pas compris... On me disait toujours de faire
Bien attention à Claudie, vu qu’elle avait la vue si basse et
Qu’elle était si... enfin, si... (les gens du village, je m’en ren
Dais bien compte, n’étaient pas loin de penser qu’en dépit
De ses réussites scolaires elle était un peu idiote, ou même
Pour reprendre leur expression, qu’elle « n’avait pas tout »
). Oui de faire bien attention de ne pas l’emmener, Claudie (1290)
Dans des endroits où elle pourrait trébucher sur des souch
Es, ou se cogner à des branches basses : elle si fragile, de si
Pauvre santé, y voyant si peu clair et guère dégourdie... Et
Attention qu’elle ne se perde pas ! moitié d’abruti que moi
Même j’étais. Mais c’est, c’était elle, Claudie, qui le voulait,
Aller par la forêt, forcer les lisières, passer l’orée, et gagner
Les clairières. Bon, moi, pourquoi pas ? J’habitais déjà qua
Siment ces bois... Et puis, la compagnie de Claudie m’agré
Ait, parce qu’elle n’était pas comme les autres filles à s’em
Poigner à travers la robe entre les jambes tout le temps ; et (1300)
épisode 26 le mercredi 1er février 2012