Bulles & Nacelle (Dillies)

Par Mo

Dillies © Dargaud - 2009

Charlie vit seul dans sa grande maison et se félicite de cette solitude choisie. C’est l’idéal : manger, jouer, écrire… faire tout ce que l’on veut sans contraintes… Quoique… avec la Carnaval de la semaine prochaine, le quartier risque d’être agité. Et puis, qui est donc cet étrange petit oiseau bleu qui répond au nom de Monsieur Solitude ? Pourquoi ses propos heurtent-ils autant Charlie ? A-t-il vraiment choisi sa solitude ? Explique-t-elle sa panne d’écriture qui dure depuis quelques temps ?

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Renaud Dillies serait-il un adepte des récits initiatiques ? En tout cas, c’est le constat que j’en fais alors que je débute ma découverte de son univers d’auteurs. Après Abélard (diptyque pour lequel il avait collaboré avec Régis Hautière), avant de m’attaquer à Betty Blues (one shot réalisé en collaboration avec Anne-Claire Jouvray), voici Bulles & Nacelle. Avec cet album, l’auteur nous emporte une nouvelle fois dans un monde anthropomorphique dans lequel évolue un personnage qui vit un moment charnière de sa vie.

Sa métamorphose du personnage se fera en douceur, à tel point que le principal intéressé ne s’en rend pas compte immédiatement. Convaincu qu’il a tout à gagner à préserver sa solitude, il se confronte cependant à toute la difficulté inhérente à ce mode de vie. Ce personnage si casanier et si ritualisé va peu à peu sortir de sa coquille et s’ouvrir aux autres. L’occasion pour l’auteur de parler des rapports humains sans aborder de front le sujet (et l’utilisation de l’anthropomorphisme y est pour beaucoup).

Pourtant, si j’ai été séduite par cet univers aux couleurs douces, je ne fais pas de cette lecture un coup de cœur pour autant. Après avoir découvert le poussin Abélard, je sais que Charlie la souris ne me marquera pas. Ce personnage est attachant, touchant pourtant, il n’a pas le charisme suffisant pour exister en dehors de son univers de papier. Peut-être est-il trop timide et trop effacé, peut-être n’est-il pas suffisamment partie prenante au changement qui s’opère, peut-être n’est-il pas assez philosophe pour moi ? Je ne sais pas, je crois qu’il m’échappe pour ces raisons. En revanche, j’aurais aimé que son acolyte imaginaire, Monsieur Solitude (un petit oiseau bleu), soit plus développé. Ce personnage me semble en effet plus construit, plus mystérieux. Tout à l’opposé de Charlie qui reste prévisible durant tout l’album.

De nouveau, j’apprécie le contraste entre la chaleur des couleurs ocrées et soutenues et l’état d’esprit du personnage. J’ai profité de ce graphisme qui donne au récit toute la profondeur et la poésie propices au voyage. Enfin, on retrouve un élément qui semble cher à l’auteur puisque la musique est de nouveau un des pivot de la narration. Malgré des découpes de planches assez redondantes (3 bandes de 2 cases), on ne ressent aucune lassitude durant la lecture.

Une réflexion sur le sens de la vie et le sens des valeurs qui ne m’a pas interpellée.

Jolie lecture, tendre moment. Peut-être une bonne porte d’entrée pour découvrir Renaud Dillies en douceur avant de se prendre les claques infligées par Abélard et Betty Blues (dont j’ai entendu le plus grand bien).

Extrait :

“Oui, c’est vrai, j’ai peur d’écrire, de céder au vertige de mes sensations, comme si j’avais peur de souiller un beau tapis blanc immaculé de mes souliers tout crottés de maladresse. Je gis dans le silence, cherchant à me distraire? Que puis-je raconter qui soit vraiment utile à moi-même ou à quelqu’un d’autre ? Ou alors utile comme une bulle de savon, une guirlande…” (Bulles & Nacelle).

Bulles & Nacelle

Catégorie Objet

Éditeur : Dargaud

Collection : Long Courrier

Dessinateur / Scénariste : Renaud DILLIES

Dépôt légal : juin 2009

ISBN : 9782505005766

Bulles bulles bulles…

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Bulles & Nacelle – Dillies © Dargaud – 2009